"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.


"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.

samedi 23 novembre 2024

Jean-Claude

 Tu es mort ce 17 novembre, le jour de mon anniversaire, comme un dernier clin d’œil par-dessus mon épaule. Nous nous étions trouvés frère et sœur de cœur, il y a longtemps. Et j'ai remercié la vie de cette rencontre. Aujourd'hui, je te remercie, toi, d'avoir embelli ma vie. Ton intelligence, ta générosité, ton amour des langues, ton humour, ta culture, ta judéité et son histoire, tes histoires, tes chansons, tes poèmes, tes dessins...  Combien en ai-je reçus ? Faudrait les compter et je n'en ai pas envie. Ils sont tous là. Tu suivais un fil, le tien, et une histoire prenait forme, j'étais la fille au ballon bleu qui rencontrait Godart et Duras, les situations étaient toujours drôles, tu m'emmenais dans tes voyages en somme. Et puis tes années théâtre. Qui t'ont tenu tout entier. C'était chouette ! Les Fragments pour une dormeuse de Dominique que tu avais si bien mis en voix. Et puis la peinture de Claude Bellan et de Herta Lebk, nos amis, Tu mangeais des citrons crus pour la voix, tu aimais les fringues et tu les donnais souvent, tu aimais fumer, et lire, tu te foutais bien des convenances et de l'administratif, tu marchais beaucoup, tu aimais tes amis et tes amis t'aimaient. 

Nous t'avons tous applaudi vendredi, comme on applaudit un artiste quand il quitte la scène. 

 

vendredi 11 octobre 2024

Indigo, c'est le titre | Jean-Christophe Belleveaux

  




Le livre de Jean-Christophe Belleveaux "Indigo, c'est le titre" vient de paraître.  Il regroupe quatre moments d'écriture : indigo, c'est le titre, puis l'apnée, les fleurs, suivi par se peut-il ? et enfin fenêtre (sans majuscule). Le recueil est un ensemble de temps inséparables aux marges poreuses qui se répondent, se complètent, et s'enrichissent, traversé d'une sorte de mélancolie douloureuse et tendre.   

D'abord  une photo en couleurs, avec des rouges et des bleus, surtout des bleus, un chien maigre arrêté, du temps suspendu où le ciel s'accroupit parmi les hommes. 

Et nous nous tenons au seuil du voyage, de Nevers jusqu'au fleuve, c'est peut-être le Gange, mais où est-ce vraiment ? : mouvements d'images dans nos têtes, de corps qui se déplacent, silencieux on dirait, un lent balancement des arbres et de femmes en sari. Alors on lit la route qui ne finit pas, un long déroulé de nuits et de matins, un trajet "qu'on n'enfermera jamais", dans les pas de qui ?

Un chemin, des mots. Finalement, c'est presque la même chose. Des traces quelque part. Nous sommes si peu. 

Belleveaux est un arpenteur contemplatif des odeurs, des couleurs et des êtres, aux yeux ni aveugles ni sourds. Il regarde et écoute. Écouter, c'est accueillir et faire exister l'autre, je crois cela. Quand on écoute, on partage quelque chose avec quelqu'un qui s'expose.

"...moi envolé
avec les aigles le chanvre
flottant dans le cobalt
plus impassible que les fleuves"

Simon Leys écrit "Il faut dire ce que l'on voit, et, ce qui est plus difficile, il faut voir ce que l'on voit". 

Si Jean-Christophe Belleveaux cherche les beautés de la vie, sous les rudesses de la vie,   "la vie soyeuse / comme une panthère", il sait aussi que les mots bavent sur la page, savent pas dire, trop peu, la vieillesse qui pointe son museau et le monde tout déchiré qui vacille. "la corneille du désespoir croasse"  temps vécu, temps mort disparu.

 Les mots sont des horloges sans heures justes, mais pourtant inexorablement nécessaires, des outils à garder, à soigner, à aimer. Pour vivre dans la langue, nous n'avons qu'eux. On se débrouille. Avec l’éthique des princes de la poésie qui ne se vendent pas. 

aux académies honnies

j'ai toujours préféré les sales trognes

j'avais deux pieds sur lesquels me tenir

je maintiens la position

...

 "Dilapider les mots / Égorger la phrase"

...

Ce sentiment que tout est là | voilé/dévoilé | suspendu | cette bulle prête à éclater | tous les mots | coffres pleins | la brûlure des mains | l'apnée

Comment dire ce qui a eu lieu, les grandes déchirures dans nos yeux, et nos regards à jamais sidéré ? Se peut-il ?

il n'y a pas n'y aura pas 

de cohérence se peut-il 

après Tuol Sleng Auschwitz Kigali

 Jean-Christophe Belleveaux  n'en a pas fini avec la mémoire de son grand-père qui hante sa mémoire, lui qui ne sait pas jouer du violon, et une rage le prend   quand la maltraitance de la pensée / dresse sa trique maladroite et douloureuse  Car la folie des hommes agit continûment. Le désastre du monde traîne dans les jambes, et on pourrait bien avoir envie d'en rester là, tout est seuil est linceul, laisser tomber, oublier la dégueulasserie ordinaire de vivre. 

Tout un désespoir ramassé dans un seul vers

                                            et un chien : qu'est-ce qu'on en fait ?

Mais non, pourtant non ! Il fait bleu, il ouvre la fenêtre, en grand, avec au bout des yeux un sac d'étonnement et d'amour, ceci dit sans mièvrerie qu'on pourrait reprocher. 

Jean-Christophe Belleveaux se resserre sur ses affaires, à portée de mémoire et de main. Sur ce qui le tient, son peu à lui qui dure. 

je voudrais ma fenêtre ouverte

sur le bleu qui clapote

quelques oiseaux marins du café

le désordre des cheveux le pli des draps

une rose peut-être

presque fanée

douloureusement blanche et précaire

dans le petit vase ébréché


Jean-Christophe Belleveaux Indigo, c’est le titre. Montréal : Pierre Turcotte Éditeur, Collection Magma Poésie, 2024, 81 p

 La version papier du livre est en vente sur les sites Amazon. Vous devez acheter le livre sur Amazon. Il vous sera envoyé par la poste.

https://www.pierreturcotte.com/post/indigo-c-est-le-titre-de-jean-christophe-belleveaux 

 

samedi 5 octobre 2024

Bordeaux Bacalan 1939 - 1945 par les élèves du collège Blanqui

 
 
 Bordeaux Bacalan 1939 - 1945
Aux absents et aux vivants de Bacalan 
 
C'est l'histoire d'un quartier que les élèves de 3ème du collège Blanqui à Bordeaux ont explorée, fouillée et approchée, de loin en proche, durant une année, accompagnés par Olivier Delavaux et Émilie Mercier, leurs professeurs d'histoire géographie et d'espagnol .
C'est l'histoire de leurs parents, des parents de leurs parents peut-être, l'histoire de tous ceux qui ont habité là, dans ces maisons entourées de jardinets, près du fleuve. 
C'est l'histoire de notre Histoire, en un temps déraisonnable où la France était occupée par les Allemands, quand les juifs, les communistes, les homosexuels, et les tziganes étaient traqués, et parfois déportés loin des leurs dans des wagons aveugles. 
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des millions... La mémoire se souvient. 
 
Le 29 juin 1940, les troupes allemandes entrent dans Bordeaux. Peu avant, du 17 au 19 juin, Aristides de Sousa Mendes, consul portugais à Bordeaux, délivre 30 000 visas et sauve plus de 10 000 juifs. Il ne sait pas encore qu'il sera un jour reconnu "Juste parmi les nations". 
 
On pourrait écouter le vent  dans le couloir des rues, cognant les fenêtres et les portes. Rue Achard, rue Blanqui, place Maran... Mais c'est un peu ce que les élèves ont fait : des pauses ici puis là, pour tenter de comprendre encore et toujours ce qui a eu lieu, ici et puis là. 
 
Ainsi, ils ont ouvert des livres, compulsé des documents aux Archives municipales, départementales et nationales à Paris, au Fonds du consistoire israélite de la Grande Synagogue de Bordeaux, pris des notes, annoté des plans, lu des rapports sur les rafles des juifs, fait le compte des morts, et aussi honoré des vivants.

Ils ont écouté Boris Cyrulnik venu à leur rencontre. Il a raconté.
Le 10 janvier 1944, 21 enfants juifs sont conduits à la synagogue avant de monter dans les trains de la mort. Boris Cyrulnik a six ans et demi. Il parvient à s'échapper avec l'aide d'une infirmière qui le cache sous le corps d'une femme mourante dans une camionnette. Pour lui, commence alors un long parcours de cachette en cachette. Jusqu'à la fin de la guerre. 
Boris Cyrulnik ne sait pas d'abord quoi faire de cette faille profonde autour de laquelle il s'est construit. Il mettra sa vie au service des autres, de la fragilIté humaine et du mystère qu'elle constitue. 
"Parler mon histoire a été difficile, cette force m' est venue très tard", dit-il. Il dit aussi que faire récit est vital pour se (re)trouver et  donner sens à sa vie.  
Il a posé deux pavés de mémoire devant la maison de ses parents "assassinés dans les camps".
 
Les élèves ont poursuivi leurs déambulations de la mémoire de leur quartier, salué le courage et célébré la vie de Roger Allo,  chaudronnier aux Chantiers du Sud-Ouest à Bacalan, et celle de Joseph Brunet, électricien à la raffinerie Saint Rémi, tous deux résistants syndicalistes communistes,  fusillés au camp de Souge, le 24 octobre 1941. Combien d'autres avec eux ? Combien d'autres suivront ?

Les élèves ont continué leurs recherches, établi des liens, et, dans les archives familiales et personnelles de Moïse Schinazi, lu les lettres d' une longue correspondance entre Marie et Sabatino, vu les photographies de la famille, les ordres de spoliation du domicile et du mobilier, les documents provenant de la Préfecture de Gironde, de l'Ordre des Médecins, des archives allemandes des camps. 
Ils habitaient au 199 rue Achard. Sabatino Schinazi est médecin, marié depuis une vingtaine d'années avec Marie. Dix enfants naitront de leur union.  Il est arrêté par la police française le 25 juin 1942,  déporté à Drancy le 25 novembre 1943, puis à Auschwitz et Dachau, avant de mourir à Kaufering durant "les marches de la mort",  le 25 février 1945. 
Le docteur Schinazi est encore présent à Bacalan. Il était, dit-on, le "médecin des pauvres", l'incarnation même de la bienveillance. 
L'année dernière, un pavé de mémoire a été posé devant la porte de sa maison. 
 

On marche dans le quartier, on lève la tête vers les arbres et le ciel. 
Le même soleil qu'hier nous inonde, et le cœur peut saigner. 
Le passé nous enseigne.  Est-ce qu'on comprendra mieux le monde autour de nous ? 
On aura en tout cas senti au profond de nous  la nécessité absolue de défendre les valeurs humaines  contre toutes les barbaries du monde, où qu'elles se trouvent. On aura appris que nous sommes tous fragiles et forts, et, je veux le croire, solidaires dans nos combats de justice et de liberté. 

N'oubliez jamais ! 
C'est tout le message des élèves qui nous ont accueillis à la base sous-marine, fiers de leur travail inouï traversé par l'espoir et la vie. 
Des photos, des dessins, des lettres, des vidéos, et autant de témoignages d'un temps si ténébreux de notre Histoire. 
Ils ont conduit les visiteurs, expliqué quand il fallait expliquer, précisé leur démarche, donné sens à leurs recherches. Ils étaient grands et beaux !

Car ces adolescents ont enrichi leur imaginaire, leurs savoirs, leur humanité. Ils ont vécu tant d'émotions, fait tant de rencontres ! On résume :
- Ils ont rencontré Boris Cyrulnik, 
- Pierre Brana, historien et ancien homme politique, 
- été reçus par Manuel Dias Vaz au Consulat du Portugal, 
- participé aux archives départementales à un atelier  sur "Le camp de Mérignac",  
- aux archives Bordeaux Métropole à l'atelier "En exécution du statut des juifs", 
- retourné rue Achard au domicile du Docteur Schinazi et de Joseph Brunet, 
- visité le camp de Souges et 
- participé, à la base sous-marine, à la cérémonie en hommage aux républicains espagnols, 
- enfin fait le voyage à Paris jusqu'au Mémorial de la Shoah, 
- au camp de Drancy, 
- aux Invalides, 
- au Mont Valérien, 
- aux archives nationales, 
- été reçus à l'Assemblée Nationale et 
-au Sénat.
 
Ce livret aujourd'hui rassemble les travaux de la classe sous la houlette de leurs deux professeurs, Émilie Mercier et Olivier Delavaux. 
Le livret est complété par des documents sonores, "Par les vivants", mis en voix et accessibles par QR code. 
C'est un parcours audio immersif réalisé par les élèves, toujours accompagnés par leurs deux enseignants.
Par la mise en voix des archives, les élèves ont montré comment l'autre, notre semblable, a été rendu exclusivement dissemblable par l'antisémitisme en idées et en actions. 
Le dispositif "Par les vivants" est porté par l'association "Parmi d'autres", avec le soutien de la Licra, pour la Fondation de la mémoire de la Shoah, et du Conseil Régional des Hauts-de- France.

 
Merci à ces deux enseignants magnifiques, 
ainsi qu'à  
 Giovanny, Elen, Lina, Selma, Elyase, Enzo, Ethan, Ilian, Nancy, Maël, Kenan, Isma, Tom, Helena, Majda, Alaaeddine et Farah.
 
 
 
 
 

 










 

jeudi 29 août 2024

La revue Europe et "Toutes les nuits sont pleines de lunes"

 

La chronique de Dominique Boudou sur mon recueil "Toutes les nuits sont 

pleines de lunes" aux éditions Al Manar est parue

dans la revue Europe. Une revue de référence 

dans le monde littéraire que je reçois ce matin. 


Un b
eau papier, comme Dominique sait faire,     

que je relis une fois / deux fois et plus encore,  

...je l'embrasse une fois, deux fois et plus

encore.

 

Et, petit clin d’œil au prix que j'ai reçu il y a 

quelques années, Jean Follain est à l'honneur du 

numéro. 

Lui qui s'est tenu toute sa vie à l'écart des courants, il écrit sans affèterie 

l'apparente banalité de l'existence et nous transmet une poésie du réel qui 

semblait insaisissable. 

 


 

 

 

Voilà, tout me va ! Je suis chanceuse et flattée de

 ce que je veux bien prendre pour une petite 

reconnaissance des mots que je trace ici et là.


 

 

 

 Je vous livre le texte de Dominique sur mon recueil, comme il l'a aimé.





 

samedi 17 août 2024

Mes pas sont mes vers, mis pasos son mis versos / Dominique Boudou

Vidéo du jour.
Fragments du recueil "Mis pasos son mis versos, mes pas sont mes vers" de Dominique Boudou,
lus par lui-même. 






 

mercredi 29 mai 2024

A quai, la grâce

 La grâce, à quai. Copie--2--de-SANY0019.JPG

Je ne sais pas ce que c'est la "grâce". Ni comment la définir.

Ce serait dire seulement : "ça m'émeut". Ça me fait pleurer.

Ce serait dire l'émotion et sa beauté. 

Une justesse.

Se rapprocher d'une justesse gracieuse.

Qui emplit et embrasse.

A quai,

un papillon s'est posé sur mon épaule.

Paul Auster a quitté l'hôtel, 4321 ...et l'infini


 


Comme c'est étrange la simultanéité des événements !

Je poursuis ma lecture de 4321 et Paul Auster meurt quelque part sur la terre. Il est mort quelque part sur la terre et je ne peux pas m'empêcher de penser à sa main qui, un jour, a écrit ces mots.  Sa main écrit en même temps que les mots défilent sous mes yeux, et son corps est hors du monde. Paul Auster est à deux endroits à la fois, ici, dans mes yeux, et ailleurs, dans le grand rien. 

vendredi 29 mars 2024

Voilà.

 

 Voilà. On s'allonge sur le canapé. Et...

 

                                                                                      

jeudi 28 mars 2024

"Pour le moment" | Halle des Douves à Bordeaux

 


Un nouveau collectif de poésie vient de se créer à Bordeaux : "Pour le moment" existe bel et bien et commence fort.

Ce mercredi 27 mars, à la Halle des Douves, il a fêté son premier événement, avec en première partie une présentation par Dinah Ribard de la poésie ouvrière du 17ème au 19ème siècle,
s'appuyant sur son livre "Le menuisier de Nevers, Poésie ouvrière, fait littéraire et classes sociales". Le temps de lever quelques idées reçues sur la présupposée acculturation des poètes ouvriers, toujours nichée dans nos inconscients et passée au tamis de nos représentations bourgeoises. "La littérature, dit-elle, est une contribution essentielle à l'histoire des inégalités."

J'ai pensé à Thierry Metz, par ailleurs évoqué par Dinah Ribard, qui a eu la chance de trouver sur sa route le poète Jean Cussat-Blanc qui le publie en 78 dans sa revue Résurrection, puis Jacques Brémond qui lui donne place avec Sur la table inventée, et enfin par la publication du Journal d'un manœuvre en 90 chez L'Arpenteur Gallimard préfacé par le poète Jean Grosjean. Des années d'écriture avant sa légitimité de poète. Et aujourd'hui, comme par un retournement des choses, le fait qu'il ait été manœuvre sur des chantiers participe de sa grandeur, signe que nous restons encore et toujours prisonniers de nos perceptions. 


Dans une deuxième partie de la soirée, le fondateur du collectif et maître d’œuvre de l'événement, Rémi Letourneur, a invité le public à marquer une pause clope, vin, café ou bière, avant d'écouter la petite bande du collectif dire de la poésie, leurs textes sans signature, des mots seulement, la poésie pour elle-même,  sans apprêt, à voix nue ou accompagnée par le piano de Christophe.

 

Puis enfin, cadeau livré de Paris, nous avons accueilli les mots de Lorca, de Mahmoud Darwich et Machado magnifiquement interprétés en français, en arabe et en espagnol par Antoine Ricouard et à la guitare par Julien Gobin. Un moment de beauté pure, s'il en est !


Cette première soirée, avec le soutien essentiel de l'ami du Poquelin Théâtre, promet des lendemains qui toucheront en plein la cible du cœur. Passionnément. Comme c'est là le meilleur.

 

A noter demain soir, notre soirée poétique au "Café de la Route" à Villenave d'Ornon, un café participatif, solidaire et culturel.

mercredi 27 mars 2024

Toutes les nuits sont pleines de lunes | Editions Al Manar



 La poésie est au service de la vie, et ne parle pas d'elle-même, elle nous parle de nous, de nos existences, de nos angoisses, et des beautés dedans. 

 Ce texte, "Toutes les nuits sont pleines de lunes", est une trajectoire de la nuit dans la nuit qui nous traverse.  

Les mots tâtonnent sur un territoire intime, comme à l'aveugle et accrochent juste les bords d'une parole idéalement saisissable.
Mais on n'est sûr de rien avec les mots. Tantôt ils se perdent, puis trouvent un souffle, une palpitation.
Il n'y a pas de chemin de révélation. 


Toutes les nuits sont pleines de flou, de lune floue, c'est pour cela que l'on fait récit et que l'esprit galope, se perd, chemine aussi avec beaucoup d acuité.
Je rejoins ce que dit Antoine Emaz qui "aime à penser la poésie comme un lichen ou un lierre, avec le mince espoir que le lierre aura raison du mur." Car parfois on a honte d'appartenir au genre humain devant les grandes violences que les hommes font à d'autres hommes. On se demande ce qui ne va pas avec l'être humain ? Pourquoi depuis 2000 ans l'homme n'a pas changé ? Pourquoi l'homme se comporte comme ça ? Pourquoi chacun porte sa propre monstruosité ?
C'est dire que la poésie ne change rien à la marche du monde, mais elle en est un témoin fragile, lucide, vivant. Elle honore toujours ce que la vie a d'immense.


Je remercie les ami(e)s qui sont venus me voir, m'écouter, ceux qui ne pouvaient être présents mais qui me suivent toujours, les inconnus qui ont acheté le recueil, et en particulier la toute jeune fille qui est venue me voir avec son papa  (c'est bien là le plus chouette !).

Je remercie bien sûr Alain Gorius qui me publie ici pour la deuxième fois. Je mesure la chance qui est la mienne de l'avoir rencontré et de trouver auprès de lui un regard très confiant. Il était présent lors du Marché de la Poésie pour la première lecture publique, la première présentation du recueil. 

 

 

Je remercie tout particulièrement mille et une fois Véronique Lanycia dont les photographies et le talent accompagnent le recueil. Son univers poétique me plaît depuis longtemps. Vous le verrez, ses images apportent au recueil un complément de sens, le texte et l'image dialoguent, c'est dire si l'œil aussi a sa part de lecture. 

 

 Je voulais que, dans ce livre, on sente des temps heurtés, des tensions, des apaisement, des incertitudes, des tendresses, des petites lumières dans la nuit, ...  jusqu'au matin.

Le recueil peut être commandé en librairie ou 

ici, sur le site des éditions Al Manar, si vous le souhaitez.

https://editmanar.com/book-author/giraud-brigitte/

 https://editmanar.com/editions/livres/toutes-les-nuits-sont-pleines-de-lunes/



     




lundi 19 février 2024

Rimbaud prénom Arthur

 

 

Rimbaud suffit à lui tout seul. C'est une valeur sûre. Qui donc n'aime pas Rimbaud ? Qui même oserait le dire, tant il est adulé, collé sur les murs des villes, sur des cartes postales, des tee-shirts, des "mugs"... On boit Rimbaud comme du p'tit lait. Et quelle force des vers ! Quel séisme dans la langue !

Alors je me demandais bien pourquoi se faire appeler Arthur signifiait que ça allait "barder grave". C'est pourtant un prénom dont j'aurais volontiers baptisé un enfant. Un nom de poète, ça ne pose pas en soi n'importe quel décor psychique !

- Merde alors ! elle a dit. Ca fait une heure que je suis là... Va se faire appeler Arthur, lui, tu vas voir ! (Dans la file du supermarché, la mère parle avec sa copine. Elle trépigne d'impatience au bout de son téléphone portable qui ne répond pas. Elle s'inquiète. Elle fulmine. Elle se demande...)

Moi aussi, je me demande. Parce qu'immédiatement, je pense à Rimbaud, aux silences, aux nuits, aux vertiges, aux intransigeances ardentes, aux Illuminations, au voyant, aux rêves de feu et aux chutes amères, au poète de sept ans, au dormeur du val, à la musique, au bateau ivre, à un café qui porte encore ce nom... à l'envol des sens.

Et puis voilà ! Cette femme bat à plate couture toutes mes divagations. Je sens que ça va guerroyer dans la chaumière quand le petit rentrera. Arthur, au secours !!!!

Alors je me suis renseignée. J'avais raison, ça sent bien la guerre, la Seconde Guerre Mondiale même, et l'occupation.  Et le couvre-feu qui avait été fixé à 20h.


Le nom ''Arthur'' est une déformation de l'allemand ''acht uhr''' (''vingt heures !'') que les patrouilles ennemies criaient aux retardataires éventuels.

Bon ! Finalement, je suis rassurée. Arthur, le mien, son bateau et ses dérives, sont ailleurs.

 

mardi 6 février 2024

Pour Michèle

 Pour Michèle 





Tu es partie ce vendredi soir 26 janvier. 
Je pense à toi.
Je t'aime.