"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.


"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.

dimanche 22 novembre 2020













On voudrait bien ce desserrement des ronces dans la fraîcheur 
en bas du ciel 
on voudrait bien lever les yeux 
quand la terre absorbe le cœur la tête et les joues 

on voudrait bien marcher la nuit 
sous les néons de la mer 

 






  

mercredi 11 novembre 2020

Les éditions "Aux cailloux des chemins"

  


En ces temps déchirés où la culture cherche à étreindre notre quotidien comme elle le peut, c'est-à-dire avec beaucoup de difficultés, une maison d'édition vient de naître. Nous saluons donc les éditions Aux cailloux des chemins, cette nouvelle venue, toute neuve toute belle, prête à nous emmener à la découverte de textes poétiques et pas seulement. 
Christine Saint-Geours et Hervé Gouault, les deux amis associés, ont rêvé de publier ce qu'ils aiment et les saisit. C'est à présent chose faite ! Inédits et classiques, ils promettent encore que leurs publications balaieront divers champs créatifs : poésie, prose, textes associés à l'image et inversement, bandes dessinées. La célébration des mots et la vitalité de la langue est à l'honneur. "À chaque sortie d’œuvres, nous souhaitons rencontrer notre public, organiser des lectures, des moments d’échanges entre les artistes et le public, dans des lieux associatifs, des librairies indépendantes, ou chez des particuliers." affirment-ils, preuve s'il en est que dans le chaos du monde, tout n'est pas tout à fait foutu. 
Le monde est obstacle total si la langue n'est plus partagée. Aux cailloux des chemins, on déambule, on se balade, un pas après un autre pas, on échange, on ramasse une pierre de lune, un bout de granit, un solitaire, on s'allonge dans une flaque de sable, sur du gravier, Rimbaud a depuis longtemps délacé ses bottines, on ouvre un livre. 

Le livre est beau, simple, couverture grège et liseré rouille. Pas besoin de plus, on le reconnaît.

C'est Murièle Modély qui ouvre la collection des "Nuits endormies" avec son beau recueil "User le bleu suivi de Sous la peau". Une autre collection "Vu par" suivra avec  nouvelles et contes de Guy de Maupassant mis en images par de nombreux artistes et plasticiens, un dialogue audacieux et original. 

Aux cailloux des chemins prévoit l’édition de cinq à six livres par an et la distribution des ouvrages se fera au siège et sur le site internet de la maison, ainsi que dans un réseau ciblé de librairies. Chacun peut devenir adhérent et choisir de soutenir l'association. Il recevra comme moi, avec un livre offert, une série de trois carnets délicats magnifiquement illustrés par Hélène Habbot Bautista ou par les colibris de Philippe Sentou.   

Je vous laisse vous promener dans le beau site des éditions, et découvrir les extraits du recueil de Murièle Modély.

https://aux-cailloux-des-chemins.assoconnect.com/page/887578-accueil

 

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 "User le bleu suivi de Sous le peau" Murièle Modély

 Extraits


 

Puis j'ai pris le métro 

la mort avait duré une heure et demie 

juste le temps d'atteindre 

la première plage 

d'accueil

j'avais dans mon sac 

un sourire 

pas mal de clients en attente 

je bougeais à l'intérieur 

contre le cuir 

comme un chien fou 

tout allait très bien 

dans une poche, j'avais plié ma bouche 

dans la rame, chacun avait rangé sa langue 

chacun avait calé son regard 

dans l'angle mort 

où personne ne peut voir 

les grincements de dents, l'aboiement silencieux 

sous les lèvres étirées, les hurlements, hululements 

 tout va si bien depuis tellement longtemps 

                                           x                x                x                x


Un jour quelqu'un enlève le sourire gravé 

sur ma peau comme une cicatrice 

quelqu'un accepte le flou du derme, des termes 

mon visage mouvant comme la mer 

un jour quelqu'un m'aime 

et embrasse au delà des lèvres 

au delà des dents 

jusqu'au plus profond de ma mâchoire 

jusqu'à la moelle 

quelqu'un voit 

ma petite âme 

et la lèche 

dans le salé d'une larme 

dans la sueur sur l'aile d'une narine 

dans le flot d’humeurs dans la gorge 

un jour quelqu'un m'aime 

pour ce que je sécrète 

 

                                           x                x                x                x


 

Le livre est disponible pour la modique somme de 12 euros au siège des éditions :

Aux cailloux des chemins 24, avenue Charles de Gaulle 33520 Bruges

tél : 06 77 06 27 63  mail : auxcaillouxdeschemins@gmail.com


EN LIBRAIRIE

Librairie Olympique 23 rue Rode à Bordeaux

Le Partage des Mots 569 route de Toulouse à Villenave d'Ornon

Ombres blanches 50 rue Gambetta à Toulouse

Librairie Floury Frères 36 rue de la Colombette à Toulouse

L'Autre Rive 24 avenue Etienne Billière à Toulouse

Presse de Bruges 3 rue Théodore Bellemer à Bruges


 

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mercredi 4 novembre 2020

Trois poétesses honorées

 

Dans le journal libanais L'Orient-Le Jour

et


Tdf Poésie contemporaine



Trois poétesses honorées par le prix Vénus Khoury-Ghata

Il y a une semaine a été décerné, à la Maison de la poésie de Paris, le prix Vénus Khoury-Ghata, attribué à trois poétesses dont les mots ont su émouvoir le jury : Jila Mossaed, Sophie Loizeau et Brigitte Giraud.

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Trois poétesses honorées par le prix Vénus Khoury-Ghata

Sophie Loizeau. Photo Laurent Citrinot

Quelques heures avant de se rendre à la Maison de la poésie, Vénus Khoury-Ghata, dont les cheveux rappellent les teintes orangées de son jardin, se souvient de la naissance du prix qui porte son nom, en 2014. « Tout ce que je souhaite, c’est que ce prix continue quand je ne serai plus là. C’est la mairie de Paris qui est à l’initiative du projet; les premières années, nous avons décerné le prix Vénus Khoury-Ghata à la mairie du huitième arrondissement, en même temps que le prix Simone Weil, qui était attribué à des romanciers. Mais notre jury, qui récompensait des poètes, était peu mis en valeur, et au bout de trois ans, c’est la Maison de la poésie qui nous a accueillis. Ce véritable temple de la poésie, dirigé par Olivier Chaudanson, fait salle comble tous les soirs pour des récitations poétiques », se souvient celle qui a tenu dès le départ à récompenser des poétesses. « Je participe à plusieurs jurys littéraires et j’ai constaté à de nombreuses reprises qu’en fin de compte, les prix sont attribués aux hommes, même si j’ai souvent essayé d’attirer l’attention sur des écritures féminines. Les lauréats du prix Vénus Khoury-Ghata sont récompensés par des œuvres d’art, et le prix perdure grâce à la générosité de mes amis artistes. Lorsque nous manquons de dons, il m’arrive de céder une de mes toiles. Parmi mes mécènes, je peux citer entre autres Ernest Pignon-Ernest, Velikovic, la sculptrice Niza Chevènement, la galeriste Isabelle Maeght ou Marie-Laure de Villepin », ajoute l’auteure de La Maestra (Actes Sud, 2001). Cette année, Jila Mossaed et Sophie Loizeau ont reçu une lithographie de l’artiste syrienne Leila Mourayweb ; quant à Brigitte Giraud, elle s’est vu attribuer une gouache réalisée par un peintre polonais qui avait été donnée à la poétesse Joyce Mansour en 1955, et que sa belle-fille, Nadia, a offerte.

Pandémie oblige, plusieurs membres du jury, qui sont eux-mêmes poètes et qui ont déjà reçu le prix Vénus Khoury-Ghata, n’ont pas pu se rendre à la Maison de la poésie, comme Claude Ber ou Marie Huot. Ont pu être présents aux côtés de la poétesse éponyme Pierre Brunel, professeur émérite, spécialiste de littérature comparée, et Mireille Calle-Gruber, professeure à l’université Sorbonne-Nouvelle.

"Ces poètes qui portent la poussière de leur pays sur les semelles de leur cœur »

La poétesse Brigitte Giraud a publié dans divers champs créatifs, et elle est l’auteure de plusieurs ouvrages poétiques, dont Aime-moi (éditions al-Manar, 2019), un recueil que le jury a souhaité récompenser. Au fil des pages, les mots tissent une ligne ténue qui dessine une quête initiatique sans cesse renouvelée.

« Une maille après l’autre défait la mort

une métaphore prise en ciment dans le recueil.

Une gelée rouge,

ou l’impossible dans de l’infini »

C’est ensuite Sophie Loizeau qui a reçu le prix Vénus Khoury-Ghata, avec le recueil intitulé Les Loups (José Corti, 2019). Mireille Calle-Gruber a introduit avec ferveur l’écriture poétique de l’auteure au public. « Sophie Loizeau invente, à l’opposé du loup de la fable et du conte, lesquels font le récit d’un prédateur dévoreur d’enfants, le loup de la poésie. (...) Le poème comme le loup va seul, à l’écart, il fait exception à la règle sociale générale. Et à la langue convenue.(...) La ligne brisée époumone la phrase, le phrasé bouleverse la syntaxe, le vers casse le dernier mot et l’émiette à l’enjambement. (...) Car c’est à la rencontre de nos loups intérieurs que nous sommes conviés. (...) Opérant une étonnante purgation des passions par la purge de la langue, le dispositif donne au texte la puissance poétique capable de penser les mondes alternatifs, d’aller à la magie du vivant. »

Le prix étranger a été remis à Jila Mossaed, née à Téhéran en 1948, où elle était rédactrice à la radio et à la télévision. En 1979, elle s’est opposée au durcissement culturel qui a suivi la prise de pouvoir de Khomeini et a trouvé refuge en Suède avec ses deux enfants. Elle a écrit ses premiers poèmes en persan, avant d’adopter le suédois. « La langue suédoise est devenue la lumière qui éclaire ma route pour pouvoir écrire et raconter en toute liberté sans être punie.(...) Il y a un triomphe sur l’oppression et la censure que seule la langue peut réaliser », a-t-elle expliqué dans son discours inaugural de l’Académie suédoise des Nobel de littérature, dont elle fait partie. L’auteure a reçu de multiples distinctions littéraires dans son pays d’adoption pour ses différents recueils poétiques. En 2019, un de ses ouvrages paraît en français au Québec, aux éditions Hashtag, Le cœur demeure dans le berceau (Vad jag saknades här), traduit par Françoise Sule.

Jila Mossaed. Photo DR

«  Le cœur dérive sur l’eau

Ai laissé toutes les lettres au vent

Nous avons été trop longtemps des voyageurs

Les vagues avalent les frontières

Comme des petites sardines

Les mots angoissés, les mots asséchés, les mots voilés

ne nous aident pas

Nous glissons silencieusement sur les doigts de l’océan

Comment les poissons trouvent-ils leur maison ?

Beaucoup de temps s’est écoulé

Nous sommes oubliés

Nous sommes perdus

Et nous ne manquons à personne »