Apprendre à laisser derrière soi
les larmes de l'horloge tic tac tic tac
Tenir le parfum des murs
dans un mouchoir
Apprendre à laisser derrière soi
les larmes de l'horloge tic tac tic tac
Tenir le parfum des murs
dans un mouchoir
La maison sent bon
et s'endort
pour de vrai
s'en va toute seule
ou bien est-ce nous ?
Nous sommes assises par terre, toutes les quatre,
autour de boîtes, de photos, de papiers et de choses à défaire.
Les années repliées rendent la lumière fragile.
Nous sommes des papillons autour d'une lampe éteinte.
Et nous.
Formons un rond, on dirait de famille.
Pour le temps qui nous reste, à être nous ensemble
toutes les quatre assises par terre,
et celui qui revient, nous vient et nous prend.
Nous apprend.
Je ne sais plus trop quoi.
On tient dans nos mains, dans nos yeux,
des lettres venues d'Allemagne, d'Algérie, d'Indochine,
et loin, de Prusse Orientale, une bande de ciel qui n'existe plus,
sauf ici,
dans la chambre où nous sommes, toutes les quatre assises par terre,
comme autour d'un feu, cette fois on dirait bien
et que Joseph écrit,
à bout de bras.
On tient dans nos mains, dans nos yeux,
le mystère de leurs veines, toutes bleues de patience,
des promesses rabâchées, un vrai chapelet d'angoisses,
mantra des peurs à vif.
Dans nos mains, dans nos yeux,
les mots d'amour du père,
"je t'aime et te désire" il écrivait,
comme jamais il ne l'aura plus fait.
"Dans l'avion, elle a eu peur au décollage, alors je l'ai prise sur mes genoux."
Des tendresses noir sur blanc au dos d'une carte postale.
Dans la brume du lointain,
toujours à y penser,
ce qui déchire le cœur.
Peu à peu, chaque pièce se recroqueville sur le silence
des murs,
des pas résonnent encore ici et là,
ou bien est-ce sa voix qui appelle.
Alors on laisse la lumière faire ce qu'elle veut
dans nos yeux posés sur son visage.
Parfois, tu voudrais mettre tes yeux dans un tiroir,
et froisser les tuiles des mots qui ne t'abritent pas.