"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.


"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.

vendredi 29 mars 2024

Voilà.

 

 Voilà. On s'allonge sur le canapé. Et...

 

                                                                                      

jeudi 28 mars 2024

"Pour le moment" | Halle des Douves à Bordeaux

 


Un nouveau collectif de poésie vient de se créer à Bordeaux : "Pour le moment" existe bel et bien et commence fort.

Ce mercredi 27 mars, à la Halle des Douves, il a fêté son premier événement, avec en première partie une présentation par Dinah Ribard de la poésie ouvrière du 17ème au 19ème siècle,
s'appuyant sur son livre "Le menuisier de Nevers, Poésie ouvrière, fait littéraire et classes sociales". Le temps de lever quelques idées reçues sur la présupposée acculturation des poètes ouvriers, toujours nichée dans nos inconscients et passée au tamis de nos représentations bourgeoises. "La littérature, dit-elle, est une contribution essentielle à l'histoire des inégalités."

J'ai pensé à Thierry Metz, par ailleurs évoqué par Dinah Ribard, qui a eu la chance de trouver sur sa route le poète Jean Cussat-Blanc qui le publie en 78 dans sa revue Résurrection, puis Jacques Brémond qui lui donne place avec Sur la table inventée, et enfin par la publication du Journal d'un manœuvre en 90 chez L'Arpenteur Gallimard préfacé par le poète Jean Grosjean. Des années d'écriture avant sa légitimité de poète. Et aujourd'hui, comme par un retournement des choses, le fait qu'il ait été manœuvre sur des chantiers participe de sa grandeur, signe que nous restons encore et toujours prisonniers de nos perceptions. 


Dans une deuxième partie de la soirée, le fondateur du collectif et maître d’œuvre de l'événement, Rémi Letourneur, a invité le public à marquer une pause clope, vin, café ou bière, avant d'écouter la petite bande du collectif dire de la poésie, leurs textes sans signature, des mots seulement, la poésie pour elle-même,  sans apprêt, à voix nue ou accompagnée par le piano de Christophe.

 

Puis enfin, cadeau livré de Paris, nous avons accueilli les mots de Lorca, de Mahmoud Darwich et Machado magnifiquement interprétés en français, en arabe et en espagnol par Antoine Ricouard et à la guitare par Julien Gobin. Un moment de beauté pure, s'il en est !


Cette première soirée, avec le soutien essentiel de l'ami du Poquelin Théâtre, promet des lendemains qui toucheront en plein la cible du cœur. Passionnément. Comme c'est là le meilleur.

 

A noter demain soir, notre soirée poétique au "Café de la Route" à Villenave d'Ornon, un café participatif, solidaire et culturel.

mercredi 27 mars 2024

Toutes les nuits sont pleines de lunes | Editions Al Manar



 La poésie est au service de la vie, et ne parle pas d'elle-même, elle nous parle de nous, de nos existences, de nos angoisses, et des beautés dedans. 

 Ce texte, "Toutes les nuits sont pleines de lunes", est une trajectoire de la nuit dans la nuit qui nous traverse.  

Les mots tâtonnent sur un territoire intime, comme à l'aveugle et accrochent juste les bords d'une parole idéalement saisissable.
Mais on n'est sûr de rien avec les mots. Tantôt ils se perdent, puis trouvent un souffle, une palpitation.
Il n'y a pas de chemin de révélation. 


Toutes les nuits sont pleines de flou, de lune floue, c'est pour cela que l'on fait récit et que l'esprit galope, se perd, chemine aussi avec beaucoup d acuité.
Je rejoins ce que dit Antoine Emaz qui "aime à penser la poésie comme un lichen ou un lierre, avec le mince espoir que le lierre aura raison du mur." Car parfois on a honte d'appartenir au genre humain devant les grandes violences que les hommes font à d'autres hommes. On se demande ce qui ne va pas avec l'être humain ? Pourquoi depuis 2000 ans l'homme n'a pas changé ? Pourquoi l'homme se comporte comme ça ? Pourquoi chacun porte sa propre monstruosité ?
C'est dire que la poésie ne change rien à la marche du monde, mais elle en est un témoin fragile, lucide, vivant. Elle honore toujours ce que la vie a d'immense.


Je remercie les ami(e)s qui sont venus me voir, m'écouter, ceux qui ne pouvaient être présents mais qui me suivent toujours, les inconnus qui ont acheté le recueil, et en particulier la toute jeune fille qui est venue me voir avec son papa  (c'est bien là le plus chouette !).

Je remercie bien sûr Alain Gorius qui me publie ici pour la deuxième fois. Je mesure la chance qui est la mienne de l'avoir rencontré et de trouver auprès de lui un regard très confiant. Il était présent lors du Marché de la Poésie pour la première lecture publique, la première présentation du recueil. 

 

 

Je remercie tout particulièrement mille et une fois Véronique Lanycia dont les photographies et le talent accompagnent le recueil. Son univers poétique me plaît depuis longtemps. Vous le verrez, ses images apportent au recueil un complément de sens, le texte et l'image dialoguent, c'est dire si l'œil aussi a sa part de lecture. 

 

 Je voulais que, dans ce livre, on sente des temps heurtés, des tensions, des apaisement, des incertitudes, des tendresses, des petites lumières dans la nuit, ...  jusqu'au matin.

Le recueil peut être commandé en librairie ou 

ici, sur le site des éditions Al Manar, si vous le souhaitez.

https://editmanar.com/book-author/giraud-brigitte/

 https://editmanar.com/editions/livres/toutes-les-nuits-sont-pleines-de-lunes/



     




lundi 19 février 2024

Rimbaud prénom Arthur

 

 

Rimbaud suffit à lui tout seul. C'est une valeur sûre. Qui donc n'aime pas Rimbaud ? Qui même oserait le dire, tant il est adulé, collé sur les murs des villes, sur des cartes postales, des tee-shirts, des "mugs"... On boit Rimbaud comme du p'tit lait. Et quelle force des vers ! Quel séisme dans la langue !

Alors je me demandais bien pourquoi se faire appeler Arthur signifiait que ça allait "barder grave". C'est pourtant un prénom dont j'aurais volontiers baptisé un enfant. Un nom de poète, ça ne pose pas en soi n'importe quel décor psychique !

- Merde alors ! elle a dit. Ca fait une heure que je suis là... Va se faire appeler Arthur, lui, tu vas voir ! (Dans la file du supermarché, la mère parle avec sa copine. Elle trépigne d'impatience au bout de son téléphone portable qui ne répond pas. Elle s'inquiète. Elle fulmine. Elle se demande...)

Moi aussi, je me demande. Parce qu'immédiatement, je pense à Rimbaud, aux silences, aux nuits, aux vertiges, aux intransigeances ardentes, aux Illuminations, au voyant, aux rêves de feu et aux chutes amères, au poète de sept ans, au dormeur du val, à la musique, au bateau ivre, à un café qui porte encore ce nom... à l'envol des sens.

Et puis voilà ! Cette femme bat à plate couture toutes mes divagations. Je sens que ça va guerroyer dans la chaumière quand le petit rentrera. Arthur, au secours !!!!

Alors je me suis renseignée. J'avais raison, ça sent bien la guerre, la Seconde Guerre Mondiale même, et l'occupation.  Et le couvre-feu qui avait été fixé à 20h.


Le nom ''Arthur'' est une déformation de l'allemand ''acht uhr''' (''vingt heures !'') que les patrouilles ennemies criaient aux retardataires éventuels.

Bon ! Finalement, je suis rassurée. Arthur, le mien, son bateau et ses dérives, sont ailleurs.

 

mardi 6 février 2024

Pour Michèle

 Pour Michèle 





Tu es partie ce vendredi soir 26 janvier. 
Je pense à toi.
Je t'aime.


samedi 16 décembre 2023

"Les lointains" / Jean-Cristophe Belleveaux

 

 

 

  Un nouveau texte de Jean-Christophe Belleveaux, "Les lointains", vient de paraître aux éditions Faï fioc. Mais qui sont-ils vraiment, "ces lointains" ? Jean-Christophe Belleveaux dit que ce sont "guenilles de géographie, morceaux de l'être, éparpillements".

De fait nous voyageons dans le recueil, ici, là, dans l'espace et le temps, de Thaïlande en Erythrée, croisant des longitudes 1 et 2, une dérive des continents, des ailleurs, et des années.                     Nous entrons avec beaucoup de précaution dans un territoire intérieur où vivre est un étonnement, et vieillir une drôle d'histoire. 

Voir, écouter, sentir tout ce qui existe, sous nos yeux, est sans doute ce que le poète considère être la seule façon d'honorer le vivant. Aimer ce qui est et qui restera, les arbres, les paysages, la mer et le vent, et tous les êtres qui ne sont plus, demeurés quand même en lui, les parents d'avant ses enfances, cette année 58 et le labeur des hommes aux usines et à la terre, ses compagnons de route aussi, ses nourriciers du verbe. Puisqu'il écrit. 

J'écris dans ce qui pourrait être un poème, le cheval supposé qui rejoint le moule de sa dernière posture, j'écris la route bordée de platanes, les bicyclettes Peugeot, j'écris la terre qui rudoie les hommes et les nourrit, l'usine et ses cheminées, j'écris les salaires insuffisants.... Je n'ai presque rien à raconter mais je ne peux me détacher de la page. Les mots voudraient dessiner encore l'acier qui résonne, l'usine comme un ogre, les chevaux morts, les oiseaux qui ne savent rien.

 Jean-Christophe Belleveaux se souvient. La mort est effrayante. Alors, tant qu'il est encore temps, il faudra être, vivre et être, non assujetti au médiocre et à la ténèbre. 

 Point de frein : souffle sur la braise, mords, ose le sourire et le cri

Il va falloir marcher dans la neige, marcher Vers des hasards fabuleux et griffer mes nerfs Ouvrir les tenailles de la journée ouvrir Quelque chose ou pas c'est affaire de paupières La grise majesté des nuages cavale Vers quelque point cardinal je fume en silence Las ! Las ! les vieilles lois mordent dedans ma chair Que viennent des vents qui renversent les enclumes Quoi suffit ? Je veux moi une vie de trappeur Rien ne suffit ni l'océan ni l'envergure Je verse dans mon verre de l'encre du vin La peur atroce et la féroce liberté

 Le recueil de Jean-Christophe Belleveaux a parfois des accents peréquiens. Il cite des lieux, il associe une musique à un vin dans ses 9 poèmes à lire dans les collines, il nomme comme autant de petits haïkus autour du mot table ce qui a lieu autour, de ciels, de chiens, de bruits, 19 mouvements très ordinaires et précieux. 

table / là / présence incontestable / table de jardin / les cerisiers du voisin penchent

Table / sur laquelle je pose mes deux coudes / me penche au-dessus du carnet / puits / enfin où sombrent les questions

Tout tenter de saisir ce qui a lieu, puisque tout signifie. Quelque chose de soi. 

Ce sont de mini-scènes de vie, comme dans le beau texte La pluie,  

Cela  dégringolait, rebondissait, ravinait les plates-bandes et les allées ; ce bruit terrible vous enroulait dedans sa cape et vous étiez un petit enfant. 

des moments notés comme dans un journal du Puerto Barrios J'ai, j'ai, j'ai quoi ? 

J'ai les oreilles pleines de sirènes de paquebot...J'ai un sacré courage : descendre de la terrasse en bois au-dessus du cinéma... J'ai l'hésitation du bègue l'écriture qui titube pour finir les bras en croix tels les empereurs borrachos de Puerto Barrios 

des incidents peut-être comme autant de  contemplations articulées en textes qui interrogent le langage. Car comment dire la beauté et la peur ? La nostalgie  et le compte à rebours ? Comment se rejoindre dans le mouvement des choses où les pensées vacillent ? 

Dans la longue attente, tout importe : la présence en pointillé d'une tourterelle , pfft, elle est envolée, mon cœur bat, serré d'une angoisse ténue, une poignée de secondes à mettre dans un écrin 

Y'a -t-il dans la langue une région quiète, un rivage où s'étendre, le souffle délivré, le corps à l'air accordé     

Voilà, les choses se tiennent là, près de soi et en soi, toutes concrètes, nichées au creux des mots qui ne trichent pas. Les livres et les mots peuvent sauver, et je serais prête à parier que Jean-Christophe Belleveaux l'a été à un moment de sa vie. A l'heure des écrans et l'âge venant, on en sait mieux la puissance et la nécessité.

Le texte qui ferme le recueil est un long poème en forme de "je me souviens", qui égrène les noms de disparus, où Franck Zappa voisine avec Clovis 1 roi des Francs, Eva Braun et Rimski-Korsakov, la contesse de Ségur, Lady diana et Mata Hari. C'est une évocation de nos années de jeunesse et l'inventaire d'un temps passé quand la vie allait, quand maman n'était pas morte, ni l'oncle, ni le fils du voisin, ni la petite chatte noire et blanche. Mort mort mort  ! tous morts !  Et nous bientôt, enfermés pareillement dans un nom au bas d'une liste. Nous tous, les enfants vieillis que nous sommes, à se demander étonnés et têtus

qu'est-il advenu de l'été (les folles graminées, l'enfance) qu'ai-je fait de mon corps, et cette obligation de séjour inquiet ?


Je n'y comprends rien de rien de rien,

merci,

de rien,

merci. 

 

Avec "Les lointains", Jean-Christophe Belleveaux signe un  très beau recueil.  Merci la vie !

jeudi 12 octobre 2023

S'affale mon coeur sur le goudron noir

 

Ce n'est pas que le regard soit verrouillé par le soleil dans la rue,
zone libre conscience floue, les gens courent leurs affaires.  
Le jour est tombé par effraction d'un bloc,
les yeux ont coulissé sur la lumière, glissé sur l'évidence de la lumière,
et l'envie de bleu pur ripe aux bateaux des trottoirs,
s'affale mon cœur sur le goudron noir.