Tu es mort ce 17 novembre, le jour de mon anniversaire, comme un dernier clin d’œil par-dessus mon épaule. Nous nous étions trouvés frère et sœur de cœur, il y a longtemps. Et j'ai remercié la vie de cette rencontre. Aujourd'hui, je te remercie, toi, d'avoir embelli ma vie. Ton intelligence, ta générosité, ton amour des langues, ton humour, ta culture, ta judéité et son histoire, tes histoires, tes chansons, tes poèmes, tes dessins... Combien en ai-je reçus ? Faudrait les compter et je n'en ai pas envie. Ils sont tous là. Tu suivais un fil, le tien, et une histoire prenait forme, j'étais la fille au ballon bleu qui rencontrait Godart et Duras, les situations étaient toujours drôles, tu m'emmenais dans tes voyages en somme. Et puis tes années théâtre. Qui t'ont tenu tout entier. C'était chouette ! Les Fragments pour une dormeuse de Dominique que tu avais si bien mis en voix. Et puis la peinture de Claude Bellan et de Herta Lebk, nos amis, Tu mangeais des citrons crus pour la voix, tu aimais les fringues et tu les donnais souvent, tu aimais fumer, et lire, tu te foutais bien des convenances et de l'administratif, tu marchais beaucoup, tu aimais tes amis et tes amis t'aimaient.
Nous t'avons tous applaudi vendredi, comme on applaudit un artiste quand il quitte la scène.
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