Nuit au miroir qui tangue.
Les yeux voyagent dans
Les mots ressemblent à des loupiotes suspendues à rien,
Le livre est beau, simple, couverture grège et liseré rouille. Pas besoin de plus, on le reconnaît.
C'est Murièle Modély qui ouvre la collection des "Nuits endormies" avec son beau recueil "User le bleu suivi de Sous la peau". Une autre collection "Vu par" suivra avec nouvelles et contes de Guy de Maupassant mis en images par de nombreux artistes et plasticiens, un dialogue audacieux et original.
Aux cailloux des chemins prévoit l’édition de cinq à six livres par an et la distribution des ouvrages se fera au siège et sur le site internet de la maison, ainsi que dans un réseau ciblé de librairies. Chacun peut devenir adhérent et choisir de soutenir l'association. Il recevra comme moi, avec un livre offert, une série de trois carnets délicats magnifiquement illustrés par Hélène Habbot Bautista ou par les colibris de Philippe Sentou.
Je vous laisse vous promener dans le beau site des éditions, et découvrir les extraits du recueil de Murièle Modély.
https://aux-cailloux-des-chemins.assoconnect.com/page/887578-accueil
x x x x
"User le bleu suivi de Sous le peau" Murièle Modély
Extraits
Puis j'ai pris le métro
la mort avait duré une heure et demie
juste le temps d'atteindre
la première plage
d'accueil
j'avais dans mon sac
un sourire
pas mal de clients en attente
je bougeais à l'intérieur
contre le cuir
comme un chien fou
tout allait très bien
dans une poche, j'avais plié ma bouche
dans la rame, chacun avait rangé sa langue
chacun avait calé son regard
dans l'angle mort
où personne ne peut voir
les grincements de dents, l'aboiement silencieux
sous les lèvres étirées, les hurlements, hululements
tout va si bien depuis tellement longtemps
x x x x
Un jour quelqu'un enlève le sourire gravé
sur ma peau comme une cicatrice
quelqu'un accepte le flou du derme, des termes
mon visage mouvant comme la mer
un jour quelqu'un m'aime
et embrasse au delà des lèvres
au delà des dents
jusqu'au plus profond de ma mâchoire
jusqu'à la moelle
quelqu'un voit
ma petite âme
et la lèche
dans le salé d'une larme
dans la sueur sur l'aile d'une narine
dans le flot d’humeurs dans la gorge
un jour quelqu'un m'aime
pour ce que je sécrète
x x x x
Le livre est disponible pour la modique somme de 12 euros au siège des éditions :
Aux cailloux des chemins 24, avenue Charles de Gaulle 33520 Bruges
tél : 06 77 06 27 63 mail : auxcaillouxdeschemins@gmail.com
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Dans le journal libanais L'Orient-Le Jour
et
Tdf Poésie contemporaine
Trois poétesses honorées par le prix Vénus Khoury-Ghata
OLJ / Par Joséphine HOBEIKA, le 02 novembre 2020 à 00h04
Quelques heures avant de se rendre à la Maison de la poésie, Vénus Khoury-Ghata, dont les cheveux rappellent les teintes orangées de son jardin, se souvient de la naissance du prix qui porte son nom, en 2014. « Tout ce que je souhaite, c’est que ce prix continue quand je ne serai plus là. C’est la mairie de Paris qui est à l’initiative du projet; les premières années, nous avons décerné le prix Vénus Khoury-Ghata à la mairie du huitième arrondissement, en même temps que le prix Simone Weil, qui était attribué à des romanciers. Mais notre jury, qui récompensait des poètes, était peu mis en valeur, et au bout de trois ans, c’est la Maison de la poésie qui nous a accueillis. Ce véritable temple de la poésie, dirigé par Olivier Chaudanson, fait salle comble tous les soirs pour des récitations poétiques », se souvient celle qui a tenu dès le départ à récompenser des poétesses. « Je participe à plusieurs jurys littéraires et j’ai constaté à de nombreuses reprises qu’en fin de compte, les prix sont attribués aux hommes, même si j’ai souvent essayé d’attirer l’attention sur des écritures féminines. Les lauréats du prix Vénus Khoury-Ghata sont récompensés par des œuvres d’art, et le prix perdure grâce à la générosité de mes amis artistes. Lorsque nous manquons de dons, il m’arrive de céder une de mes toiles. Parmi mes mécènes, je peux citer entre autres Ernest Pignon-Ernest, Velikovic, la sculptrice Niza Chevènement, la galeriste Isabelle Maeght ou Marie-Laure de Villepin », ajoute l’auteure de La Maestra (Actes Sud, 2001). Cette année, Jila Mossaed et Sophie Loizeau ont reçu une lithographie de l’artiste syrienne Leila Mourayweb ; quant à Brigitte Giraud, elle s’est vu attribuer une gouache réalisée par un peintre polonais qui avait été donnée à la poétesse Joyce Mansour en 1955, et que sa belle-fille, Nadia, a offerte.
Pandémie oblige, plusieurs membres du jury, qui sont eux-mêmes poètes et qui ont déjà reçu le prix Vénus Khoury-Ghata, n’ont pas pu se rendre à la Maison de la poésie, comme Claude Ber ou Marie Huot. Ont pu être présents aux côtés de la poétesse éponyme Pierre Brunel, professeur émérite, spécialiste de littérature comparée, et Mireille Calle-Gruber, professeure à l’université Sorbonne-Nouvelle.
"Ces poètes qui portent la poussière de leur pays sur les semelles de leur cœur »
La poétesse Brigitte Giraud a publié dans divers champs créatifs, et elle est l’auteure de plusieurs ouvrages poétiques, dont Aime-moi (éditions al-Manar, 2019), un recueil que le jury a souhaité récompenser. Au fil des pages, les mots tissent une ligne ténue qui dessine une quête initiatique sans cesse renouvelée.
« Une maille après l’autre défait la mort
une métaphore prise en ciment dans le recueil.
Une gelée rouge,
ou l’impossible dans de l’infini »
C’est ensuite Sophie Loizeau qui a reçu le prix Vénus Khoury-Ghata, avec le recueil intitulé Les Loups (José Corti, 2019). Mireille Calle-Gruber a introduit avec ferveur l’écriture poétique de l’auteure au public. « Sophie Loizeau invente, à l’opposé du loup de la fable et du conte, lesquels font le récit d’un prédateur dévoreur d’enfants, le loup de la poésie. (...) Le poème comme le loup va seul, à l’écart, il fait exception à la règle sociale générale. Et à la langue convenue.(...) La ligne brisée époumone la phrase, le phrasé bouleverse la syntaxe, le vers casse le dernier mot et l’émiette à l’enjambement. (...) Car c’est à la rencontre de nos loups intérieurs que nous sommes conviés. (...) Opérant une étonnante purgation des passions par la purge de la langue, le dispositif donne au texte la puissance poétique capable de penser les mondes alternatifs, d’aller à la magie du vivant. »
Le prix étranger a été remis à Jila Mossaed, née à Téhéran en 1948, où elle était rédactrice à la radio et à la télévision. En 1979, elle s’est opposée au durcissement culturel qui a suivi la prise de pouvoir de Khomeini et a trouvé refuge en Suède avec ses deux enfants. Elle a écrit ses premiers poèmes en persan, avant d’adopter le suédois. « La langue suédoise est devenue la lumière qui éclaire ma route pour pouvoir écrire et raconter en toute liberté sans être punie.(...) Il y a un triomphe sur l’oppression et la censure que seule la langue peut réaliser », a-t-elle expliqué dans son discours inaugural de l’Académie suédoise des Nobel de littérature, dont elle fait partie. L’auteure a reçu de multiples distinctions littéraires dans son pays d’adoption pour ses différents recueils poétiques. En 2019, un de ses ouvrages paraît en français au Québec, aux éditions Hashtag, Le cœur demeure dans le berceau (Vad jag saknades här), traduit par Françoise Sule.
« Le cœur dérive sur l’eau
Ai laissé toutes les lettres au vent
Nous avons été trop longtemps des voyageurs
Les vagues avalent les frontières
Comme des petites sardines
Les mots angoissés, les mots asséchés, les mots voilés
ne nous aident pas
Nous glissons silencieusement sur les doigts de l’océan
Comment les poissons trouvent-ils leur maison ?
Beaucoup de temps s’est écoulé
Nous sommes oubliés
Nous sommes perdus
Et nous ne manquons à personne »
Brigitte Giraud, Grand Prix Vénus Khoury-Ghata 2020.
Le Prix sera remis le mardi 27 octobre 2020 à 18 h à la Maison de la Poésie (Paris), passage Molière
Tu es partie doucement ce dimanche 11 octobre 2020.
Tu es enterrée ce vendredi 16 octobre.
A toi, écoute !
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Abonnez-vous dTrois poétesses honorées par le prix Vénus Khoul y a une semaine a été décerné, à la Maison de la poésie de Paris, le prix Vénus Khoury-Ghata, attribué à trois poétesses dont les mots ont su émouvoir le jury : Jila Mossaed, Sophie Loizeau et Brigitte Giraud.