"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.


"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.

mercredi 10 septembre 2014

Toujours une voiture au bord d'une route




Un drap se déchire, éclair bleu, mémoire vive.
Un puits d'ombres livré/délivré.
Toujours une voiture au bord d'une route, au bord, tout au bord...
Grise, sans doute grise, avec des taches de peinture plus foncée près des phares.
La voiture s'est arrêtée.
Forcément, à un moment, elle se sera arrêtée.

Musique de bal antique, luxe rouillé, moleskine beige.
Ils se tiennent par les yeux, un embrasement, des fiançailles, ne se lâchent pas, veulent pas se défaire, tout immobiles dans leur beauté siamoise,
Ils se respirent.
Un mal sous les paupières, ils se respirent,
peau qui bat, se respirent,
raccord de la chair qui boit au calice respirent un autre souffle.
Sur le toit de la bagnole, un bruit de feuilles froissées.

La nuit brûle ses dernières cartouches.
Lumière timide sur les sièges, flaque des premiers soleils.
Des fils, on dirait, s'entortillent autour des deux corps emboîtés.
Alors ils ouvrent les yeux.

La route est longue et droite, une flèche coincée sur l'horizon.
"Il existe". Elle pense ces mots, pauvres, tout pauvres.
Le désir ne sait pas autrement dire.
Le charnu de la bouche, l'humidité de la bouche, le mouvement de la bouche.
Rien ne sera jamais plus vrai que ça.
Rien ne sera jamais plus faux que ça,
ces mots qui ne savent autrement dire.

Faudrait inventer une autre langue...

Le matin pend aux arbres, des fruits d'eau détachés qui roulent et tombent. Ploc !
Il dit peut-être quelque chose comme :  "Construire des châteaux avec des planches".


Elle avance la voiture ? Rien ne bouge pourtant. Ou si peu.
Comme c'est étrange cette route qui se déploie !
Elle, elle a poussé un cri.
Ou bien elle aura ri
pour recommencer.


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