Chez Dominique Boudou, il y a toujours un oiseau au rebord d'une fenêtre pour saisir l'instant dans sa ténuité. Faire parler doucement ce qui se tait.
Alors, une fragilité de la perception s'empare du poème qui creuse, le vide autant que le plein, la terre et le ciel, chacun dans leur profondeur.
"Dans la durée des oiseaux" tient sur le fil du temps, là où l'existence s'est construite, abimée, levée et relevée. Fil de soie ou fil à nœuds, parfois du crin.
Le regard de l’oiseau, souvent seul, témoigne des tours d'ivoire, des détours aux cailloux et des questionnements qui écorchent les genoux et cousent les cœurs.
Un homme visite ses souvenirs amoureux, Je et Tu se dévorent l'un l'autre, se tourmentent, se serrent.
Un homme visite ses souvenirs amoureux, Je et Tu se dévorent l'un l'autre, se tourmentent, se serrent.
Quelle est la durée d'un oiseau ?
L'amour est-il en lieu sûr dans le poème ?
Comment y tiendra ce qui le hante ?
Comment décider de qui, de l'amour ou du poème, hante qui ?
L'amour est-il en lieu sûr dans le poème ?
Comment y tiendra ce qui le hante ?
Comment décider de qui, de l'amour ou du poème, hante qui ?
Car "être d'une durée", de l'oiseau et de son chant, c'est échapper aux lois ordinaires du temps ordinaire, et rejoindre celui de l'intérieur-même de la durée qui sculpte les mouvements de la mémoire, de l'émotion et de la langue.
Ainsi, un autre espace temps peut advenir, mêlant ce qui n'a pas eu lieu à ce qui excède de l'oubli, et, écrit Dominique Boudou, "tu fermes les yeux très fort pour que ma mémoire revienne des brumes et de l'humus. Les mots que je vais dire te font déjà frissonner. Avec leurs mandibules."
Des paraboles de sable traversent le récit, et le chemin grandit avec ses cailloux quand la litanie du temps passe et nous vole, que se posent sur un coin de ciel d'inoubliables yeux noirs, que, de Venise à Prague, mille fois l'enfance vacille.
Pour une cartographie du tendre et de l'intranquillité.
Qu'il faudrait rassurer, oui, en entrant tout doucement dans le long poème de "Dans la durée des oiseaux" et j'en perds mes mains.
La langue de Dominique Boudou est ciselée, exigeante et fragile, tenue extrêmement d'un bout à l'autre du recueil, chaque mot à sa place, pas moins pas plus.
"Un enfant, peut-être, aurait entrevu notre mémoire dans un bol bleu. Nous aimons cette illusion du souvenir bu avec le lait. Nos mots oubliés seraient venus à sa bouche et il aurait reconnu notre chemin de vertiges. Pour peupler sa langue.
Tu sais depuis toujours que la mort se promène dans les fêtes où les humains cherchent à s'oublier. Les rires sont trop coupants, les langues trop boursouflées. Ne gît-elle pas aussi dans les yeux des bébés que l'extase a dilatés ? Ne s'est-elle pas prise comme du lierre aux bâtonnets des pommes d'amour et dans la poix du rouge ? Alors tu veux monter avec moi sur la grande roue et nous serrer au bord du vide. Et c’est ainsi que nous terrassons notre impuissance, dans le faible clin de nos paupières.
S'approcher au plus près de notre vie par la poème. Repriser les mauvaises coutures qui n'ont pas tenu sous nos regards. Dire la tromperie des mots impuissants au récit.
Nous déposons dans les livres aimés quelques lignes au fil des vents et des pluies, des joies et de tristesses. Elles écrivent un livre à côté des livres. Nous en reconnaissons le chemin quand le passé nous saute à la gorge. Des larmes et des rires viennent. Que seront après nous ses mots éparpillés ? A quel silence offriront-ils le fardeau des oiseaux ?
Et si nos mots soudain ne tenaient plus ? Nos gestes du même coup s'effondreraient-ils ? Dans quel corps ? Quelle impuissance ? Le poème lui-même n'en garderaient que les mauvais restes."
Ainsi, un autre espace temps peut advenir, mêlant ce qui n'a pas eu lieu à ce qui excède de l'oubli, et, écrit Dominique Boudou, "tu fermes les yeux très fort pour que ma mémoire revienne des brumes et de l'humus. Les mots que je vais dire te font déjà frissonner. Avec leurs mandibules."
Des paraboles de sable traversent le récit, et le chemin grandit avec ses cailloux quand la litanie du temps passe et nous vole, que se posent sur un coin de ciel d'inoubliables yeux noirs, que, de Venise à Prague, mille fois l'enfance vacille.
Pour une cartographie du tendre et de l'intranquillité.
Qu'il faudrait rassurer, oui, en entrant tout doucement dans le long poème de "Dans la durée des oiseaux" et j'en perds mes mains.
La langue de Dominique Boudou est ciselée, exigeante et fragile, tenue extrêmement d'un bout à l'autre du recueil, chaque mot à sa place, pas moins pas plus.
"Un enfant, peut-être, aurait entrevu notre mémoire dans un bol bleu. Nous aimons cette illusion du souvenir bu avec le lait. Nos mots oubliés seraient venus à sa bouche et il aurait reconnu notre chemin de vertiges. Pour peupler sa langue.
Tu sais depuis toujours que la mort se promène dans les fêtes où les humains cherchent à s'oublier. Les rires sont trop coupants, les langues trop boursouflées. Ne gît-elle pas aussi dans les yeux des bébés que l'extase a dilatés ? Ne s'est-elle pas prise comme du lierre aux bâtonnets des pommes d'amour et dans la poix du rouge ? Alors tu veux monter avec moi sur la grande roue et nous serrer au bord du vide. Et c’est ainsi que nous terrassons notre impuissance, dans le faible clin de nos paupières.
S'approcher au plus près de notre vie par la poème. Repriser les mauvaises coutures qui n'ont pas tenu sous nos regards. Dire la tromperie des mots impuissants au récit.
Nous déposons dans les livres aimés quelques lignes au fil des vents et des pluies, des joies et de tristesses. Elles écrivent un livre à côté des livres. Nous en reconnaissons le chemin quand le passé nous saute à la gorge. Des larmes et des rires viennent. Que seront après nous ses mots éparpillés ? A quel silence offriront-ils le fardeau des oiseaux ?
Et si nos mots soudain ne tenaient plus ? Nos gestes du même coup s'effondreraient-ils ? Dans quel corps ? Quelle impuissance ? Le poème lui-même n'en garderaient que les mauvais restes."
un recueil que je vais m'empresser de commander en librairie, Bravo Dominique Boudou! Pour le peu d'extraits lus, la sensibilité est d'une finesse de ridules arborescentes, jamais futiles...Apolline Fontaine.
RépondreSupprimerOh ! Merci pour lui et contente de vous avoir donné envie de l'acheter. Ce sera un bel achat !
SupprimerAmitié et merci de votre passage ici.
Il n'y a que toi Brigitte qui puisse rendre hommage à l'écrit de Dominique d'une si belle façon.
RépondreSupprimerJe ne sais pas, Isabelle, juste que c'est un très beau texte.
SupprimerBises.
Sont-ce les oiseaux courageux, qui chantent dans le vent glacé, dont il est question, par ici ?
RépondreSupprimerTout est là. Faut le lire !
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