"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.


"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.

lundi 28 décembre 2015

Dans l'ombre du jour



 








Dehors/dedans
des mots de fonte
de crin 
et des constellations 

mes yeux collent au miroir
pour voir 
en face à main
le jour qui lève

moment après moment

un visage penche dans l'abîme
chair contre chair
c'est un puits qui brûle
une espèce de charabia 
des corps bouge le monde
les voix ont des pâleurs
ensablées  
je te regarde
agripper une vérité
dans l'ombre
sous nos paupières entrebaillées
comme des jupes
et
les lignes à la fenêtre
croisent les doigts
quand la pluie
de l’autre côté du mur
caresse la vitre
et respire
émouvante


.











jeudi 24 décembre 2015

Les mouettes de Miles




Aujourd'hui la mer est proche
les mouettes de Miles s'envoient en l'air
chaque fois que je les vois
je serre ta main
plus fort







dimanche 20 décembre 2015

Toute petite ombre




Tu entends un tram. Ce que ça te fait dans le ventre un tram qui passe.
Le soir surtout. Comme maintenant et qu'il pleut tout doucement sur les toits.
Sur toi aussi. Tu sens la pluie, mais tu ne la vois pas. Les claquettes attendront derrière la porte.      Rien ne chante et tu n'as pas envie de danser. Pas ce soir, ou bien il est encore trop tôt.                      Tu patauges dans la lumière du tram. Un sillage lumineux qui d'abord t'a éblouie. Puis t'a laissée. Toute petite ombre parmi d'autres toutes petites ombres.












Paroles de (1)



Paroles de


Une nostalgie s'empare d'elle. Des jours passés, il y a longtemps, si loin qu'elle les mélange tous. Presque tous. Elle reconstruit un idéal de la famille. Le père et ses gosses autour d'elle.
Elle dit : "On riait quand même bien tous ensemble. Je me souviens quand tu pleurais."


Elle parcourt sa maison. Reconnait les meubles et les objets. Parfois elle dit que les choses bougent, qu'elles se déplacent. Que quelqu'un les déplace. Et ça la chagrine, cette intrusion chez elle quand elle n'y est pas. Elle combat à sa manière le désordre de ses souvenirs. Elle pousse un cadre sur pied d'un centimètre ou deux. Au bon endroit. Fait de même avec le plumier sur le bureau, avec un  vase. Quitte la pièce,  y revient encore, pour rien. Presque rien. Juste caresser le bois de la table.






vendredi 18 décembre 2015

Attention fragile








De toute évidence, une trace
heurtée 
une poussière de verre
du plus loin de soi 
du plus fragile de soi
la marche des mots
et parfois du silence
le vacarme dessous
sur des rives
dérives de rien 
et virages à l'aigu 
 une pluie de baisers 
fous
au calice des mains
un creusement dans un sol d'argile 
une suffocation 
savoir à quoi elle ressemble
mort confondue  
le vase tombé à terre tac ! 
avec les myosotis 
forget me not  
exutoire et tension
fil tendu
attrapé
coincé entre les doigts
tenu dans le scandale 
de la vie passante 
à vif
du corps 
et de la voix
n'importe comment
la trace de la trace
pour montrer 
sur la page ouverte
et balancer 
dehors 
(au cas où)
le vide qui s'habitue









lundi 14 décembre 2015

Tête d'envie dans la voix






....Et puis   
 gueule de vie
tête d'envie dans la voix  
un bégaiement.au trébuchet des mots
toujours les mêmes
plus qu'un silence       et pourtant

la nuit à genoux
chavire 
un basculement
et cet air de mourir 
qui ne meurt pas

quelle heure est-il ?
mouvement de la bouche
de la main       même
dans sa courbature
qui tremble
fragile

je prends la nuit au cœur
et je l'ouvre











jeudi 10 décembre 2015

Atelier d'écriture | "Un voyage en haïkus"




Un atelier d'écriture en collège. Classe de 3ème.
Autour du paysage local, et sous la forme de haïkus, tel était le projet.
J'ai choisi de proposer un support vidéo, des images fixes dans lesquelles la vie bougerait toute seule ...et donc une attention à ce qui nous entoure, à ce qui nous touche, nous traverse, à ce qui est. Nous dedans.
Il fallait aller chercher ces élèves en grande difficulté d'écriture, d'une étonnante réceptivité pourtant, et en complète découverte.
Cette poésie du fragment émotionnel leur allait bien. Cette salutation à la présence cachée dans l'instant. Et comme pour les poètes japonais, les sentiers, le vent, les arbres, les trams, les tags, l'eau, les terres en friche aussi, ont été leurs compagnons d'écriture.
Peut-être en ont-ils senti une sorte de saveur, comme suspendue entre ciel et Terre.

Ils ont été heureux, oui. Ils ont applaudi quand ils ont vu le film dans sa forme finale, leurs mots et leurs voix posés sur les images. Ils ont dit des choses comme : "Ça prend du sens.", "C'est beau.", "On ne savait pas que écrire... ", "On est tous là", "On peut le revoir encore ?"

Redire ici, (et c'est l'enseignante qui parle en moi) que sans les enseignants qui convient les intervenants, rien n'aurait lieu. Ils sont si vite oubliés !
Je salue donc Murièle, la prof de français très charmante.
Et évidemment Michel,  responsable de la bibliothèque du quartier, qui a fait lien, et réservé dans son budget une p'tite somme pour donner vie à ce projet (autrement dit pour financer mon intervention !).


-          
Voici le film. 
 


Atelier d'écriture | "Un voyage en haïkus... par Quani