"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.


"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.

dimanche 30 novembre 2014

...et bleu à l'âme





La peur traîne.
Demain a une drôle de couleur de deuxième étage service compris.
Décor défait/refait,
corps défait/refait...

Prendre une échelle de corde et faire semblant de partir en voyage.
Ce serait comme grimper sur un toit, tout au bord d'un toit,
décider d'une autre raison de rêve et de saison.

Ces derniers jours clament de travers.
Visage et paupières, les yeux trouvent pas les pédales.
Les arbres ont alerté le ciel.
Les regarder longtemps s'enfuir vers le bleu.
L'angoisse somnole entre tes mots. 



 Un enfant a écrit l'autre jour :
"Le temps est doux.
Pourtant des gouttes de pluie.
Il fait beau, mais tu ne comprends pas qu'il y a une étoile qui t'observe.
Aide-moi, s'il te plaît !"

Et puis un autre :
"Là-bas, au bout de la rue, j'ai vu un oiseau voler vers le sud, et moi, vers le nord.
Je l'ai vu au nord, déplumé, en fumée, et la tête à la place des pieds. C'était un bel oiseau."



mercredi 26 novembre 2014

Présence l'air de rien











Quand on y pense

cette présence dans les pluies du cœur
-et puis nous dans les pluies on pataugeait-
qui écrase toutes forces
me tire pourtant par la main
- Avance, bordel ! avance ! elle dit ça
je n'ai pas besoin d'elle pas besoin 
je l'ai répudiée cent mille et une fois
un écho dans le passage un chant de forêt dans la tempête
je pourrais poser mon âme sur le drap
un abandon grandiose ce serait dans une clairière la paix halète
et respire
et délire
et désire
quand on y pense...






mardi 25 novembre 2014

Claire Massart | "L'oubli des étangs"




   La librairie Olympique, 23 rue Rode à Bordeaux, recevra Claire Massart pour la présentation de son recueil, le jeudi 4 décembre à 18h00.
C'est avec un grand plaisir que j'animerai la rencontre.




















Avec Claire Massart, une sidération toujours attend quelque part.
Qu'elle s'attarde sur un oiseau, sur un arbre, sur un oiseau dans un arbre, elle s'en ira toujours ailleurs, juste un peu plus loin. Là où son œil se sera posé,  dans des éclats de présences. 
"L'oubli des étangs", son nouveau recueil  sorti en début de ce mois aux Éditions du Greffier, en est tout empli.
Les mots, au seuil de l'essentiel, d'un essentiel, de l'ordre de la sensation corporelle et de l'éprouvé profond, sont saisis en flagrant délit de pauvreté.
A ce moment-là, tout peut arriver, la vie peut entrer dans la chambre, par longs traits très clairs, la trace d'un nuage griffant le ciel, et la place due au silence. 
Le poème ciselé et le haïku très visuel seront tout en cohérence, reliés par ce fil fragile de l'existence. L'existence mise en tension. 

Claire Massart, sans aucune complaisance au poème, construit peut-être une ligne continue, reliant les temps, car ici, le temps qui n'est plus perçu comme à l'ordinaire sous la forme fragmentée de son emploi. 
Relier le temps, être dans la durée, par l'écriture, reviendra à rassembler quelques morceaux de soi-même,   à alléger les séparations .

C'est peut-être cela écrire, me suis-je dit, en lisant le recueil : se baigner longtemps dans l'eau d'un étang.


 
"...L'on ne descend pas : on gravit plutôt par douces pliures la pente de l'effacement, un retrait et un étirement de soi, une détente de l'ombre, un élargissement.
On devient une flaque souple et profonde."


                                                                                                                   
 "... Nous avançons pourtant                                                                       
Reliés, maçonnés, articulés par une note unique.                                          
Nos pas savent la route."                                                                                                                       
                                                                                                               
 "Le vent pourtant a quartier libre.                                         
Mais les pas sont entravés
Par une défaite, une reddition.
La tête inclinée dit que la partie est perdue.

S'est-on seulement battu et contre qui ?"



                                                               "Au matin, on entend le chantier de tous les oiseaux,
                                                               des tutoiements aigus, des ouvriers qui s'interpellent.
                                                               Suspendus comme des lampions, des moineaux
                                                               se chamaillent en vol.

                                                              Après le bégaiement des rêves, voici le corps des mots,
                                                              dans leur muselière de poussière.
                                                              Voici les grandes herbes dodelinant.

                                                              Pendant la journée, dans une peine qui s'épaissit,
                                                              c'est toute la mémoire des cailloux qui durcit."



                      " Il a neigé très fin
                       L'ange s'est ébroué

                       Il va mieux "
 




                                                                                                                          


samedi 22 novembre 2014

Pour "voir le ciel" tu dis oui




Il serait trop tôt pour croire encore encore une fois
que les yeux tiendront au jour
racleront la vie la tant merveille du corps 

pris de certitude tu serais capable d'avaler la ville
les rumeurs les rengaines des vieux divans
la mort folle
la fleur des marées et des algues
qui existe dans l'à peu près
des brouillons mal foutus sur la desserte
des ratures à la corde pour 
"voir le ciel !" tu dis oui.






samedi 15 novembre 2014

Je te tiens

                          
                            





                      Je te tiens à distance
                   c'est toujours dire
                                je te tiens.





lundi 10 novembre 2014

Photographier un nuage








Les mots levés toujours vers le soir
mauvaise mauvaise graine !
le jardin est clos
tu sens la ville qui bat et son tambour
sa peau et la tienne
tu es vacante  pauvre pomme !
tu te débats avec la peine remisée perdue et les promos
miserere dans un sac à nœud serré tout en verre
il suffirait d'un rien tu dis "si seulement si..." le sac tomberait à terre
tu ne sais pas faire
tu n'allèges jamais rien
Tu t'es dépliée et puis pliée contre sa bouche
et la tienne  

Comment réduire le chaos à une clémence
de l'impossible qui ne se laisse pas faire
oublie les céramiques
les rouges de lèvres au bleu
les mains comme des branches
parfois t'es un nuage

samedi 8 novembre 2014

De chaque côté des paupières



     Un peu partout une touche de bleu,
     sur les rues, les lumières dans la nuit,
     au bout des mots,
     au bout de la langue.

     Une allée de phares jetés dans tout ce bruit dehors
     passe au travers de soi, dedans,
     un bloc de cœur d'argile.
     On dirait, loin, que la route s'envole
     dans l'air de rien du tout.
     C'est le monde qui vient/revient,
     une sale humidité de monde
     que tes yeux consolent,
     forcent le bleu à apparaître. 
     à rester là.

    Faut pas trop regarder les nuages quand ça file à toute vitesse.
    Parce que ça finit toujours dans le ciel,
    une tâche de nuit, un soleil, et un éblouissement, paf !
    le regard balancé dans le grand bleu.
    Mes mains voudraient bien attraper les arbres,  le silence des arbres.
    Les toits penchent leurs tuiles,
    le canal est de guingois, la ville au bord du monde.
     Un oiseau sur un fil.

    C'est peut-être ça le poème au désert,
    "ce qui tremble à l'intérieur. Comme une faim de tout."
     Nos paysages n'existent qu'en fermant les yeux,
     de chaque côté des paupières.


 


 
 








lundi 3 novembre 2014

Le vent bave dans les yeux, ça sent le ciel










On ne sait plus quoi
dire  quoi
serait juste de dire ou laisser dehors quoi
entre quatre murs.

A côté du hangar, le fleuve. Il pleut.
Respirer la pluie, la paix par la pluie,
un 2 novembre sur le retour.
Aller vers le calme sans comprendre d'où il viendra.

Finalement on s'en fout.
Le vent bave dans les yeux et ça sent le ciel.