"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.


"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.

mercredi 28 avril 2021

On met de la musique








La nuit s’est abimée dans le bruissement des arbres.

Elle voudrait se taire, et laisser toute la place à la pluie sur le monde.

Elle a blanchi d'un coup. 

Sous la lampe, on apprivoise mieux l'obscurité,

les ombres s'effondrent sur le lit, et creusent des abîmes où coucher encore

des rêves flous. 

Des couleurs se mélangent et glissent très lentement du bleu au vert, du vert

au rouge.

On se cogne mille fois au rouge

 

Mais qu’importe ! On est chez soi, à se faire tout petit, tout petit,

les mains entre les cuisses,

comme si on avait froid, comme si on avait mal. 

Mais ce n’est pas vrai, on ramasse seulement la nuit.

Alors, entre le monde et soi, on met de la musique.

 


mercredi 21 avril 2021

Peu importe


 

Nos regards serrent la fragilité de la nuit lâchée dehors, comme une bulle

qui monte dans l’air. 

 Ecoute !

Si au moins il existait un mot pour dire

« Je suis là, avec mes déchirures,  des paragraphes entiers de bazars qui

s’échappent de ma tête, et mon cœur de guingois. » 

On sait bien qu’à chaque fois, c’est pareil. Une poche de souvenirs nous

traverse et nous vide. Alors on allume une cigarette qui nous sauve.

 

Dans la rue, les herbes penchent au passage du tram, la ferraille grince.

La terre absorbe la pluie, et des pas deux par deux -tip ! tap !- se perdent dans

un brouillard. On voudrait être un cerf-volant par-dessus les maisons,

les antennes de télévisions, les décharges, les mélancolies.

Mais on n’attend rien, on se promène juste dans les ombres d’un petit jour qui

tarde, et peu importe les angles morts, si c’est l’immensité qui glisse.

 


dimanche 18 avril 2021

Où la paix désire






 

Est-ce que toutes les pensées s’embourbent dans la glue des traces ?

Comment ne pas s’approcher de ce qui nous abime ?

Se tenir à l’écart des paniques qui nous rompent ?  

Tu dis qu’une rumeur de mer pourrait écraser toutes tes forces.

 

Parfois c’est comme ça,

on ne sait pas pourquoi ce qui nous comble, tout à la fois nous terrifie.

Alors, on pose ses gaucheries sur le drap, et on reste là,

dans une clairière où la paix halète, et respire, et délire,

et désire.

jeudi 8 avril 2021

Nous dans les pluies on pataugeait


 



A l’étage de la maison, une porte claque. 

On ne répond pas à ce qu’on prend pour une colère venue Dieu sait d’où.

On dessine seulement sur nos visages une ligne d’ombre,

sans d’inquiétude, je te dis, puisque la nuit est notre enclos,

et qu’elle couche dans nos mains. 

On pourrait embrasser son corps, sa bouche et toute sa figure.

Lui parler tout bas avec des mots tendres. 

Redevenir l’enfant qui inventait des histoires d’amour à dormir debout.
 
Nous dans les pluies on pataugeait 

mardi 6 avril 2021

La nuit navigue à vue





Le vent bat, la maison est une île.

Mille ans de fatigue et des poussières dépassent du ciel tout retourné,

la maison est une île.

On laisse s’en aller les emballements et les tensions qui nous plient.

On ferme les yeux.

On déniche alors sous nos paupières des images biscornues,

une myriade de lumignons gris pâle dans une flaque bleue,  

des nuages enlacés

qui finiront bien par trembler et se dissoudre.

La nuit navigue à vue, dans le loin.

 

N’empêche, on réanime sans cesse le monde, tout près de ce qui entoure.

On le console en allumant, incognito,

 des petites lunes en plus.


jeudi 1 avril 2021

Toutes les misères qui vont, toutes les tendresses qui viennent




 

Un homme arpente le boulevard, empaqueté dans ses frusques, 

les bras lourds de fatigue et de pluie,

un sac de clous au bout des mains. Une solitude qui avance.

Alors  on s’en aperçoit.

Le ciel craque comme le monde hurle.

Mais il a égaré son regard ailleurs,

bouché ses yeux avec de grosses lanternes noires.   

Comment savoir ce qui se trame dans les trous de la nuit ?

Toutes les misères qui vont, toutes les tendresses qui viennent ?