"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.


"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.

mercredi 31 mars 2021

Un nœud à défaire



 




Le brouillard de l’orage se dissipe sous la lampe.

Les pèlerinages du chat quelque part dans la nuit recroqueville l’espace

de la chambre.

Alors, en lisière du silence, d’autres ombres apparaissent avec en écho

la déchirure du vent dans les arbres.

Comme un nœud à défaire.

 



jeudi 18 mars 2021

Aboyer les étoiles

 






C’est que tout est possible dans nos mains.

On étale ses jambes sous la table, on est plus grand, plus long,

plus silencieux aussi.

On invente alors un paysage de sable, une bande horizontale où mettre ses pas.  

On perd la trace de soi-même dans la fumée d’une cigarette longtemps

suspendue dans l’air.

Le mouvement de la pluie finit par nous engourdir et on pourrait croire à

l’oubli. Les sons se mélangent aux images et les images dérivent vers une jetée

là-bas, à la surface de nos yeux.

 

Ne rien comprendre à ce monde brisé.  

Le regarder d’en bas.  

Et entendre aboyer les étoiles.

 


dimanche 14 mars 2021

Une lumière qui viendra





                                                                                                                            
On sort dans le jardin goûter l’air mouillé.

On appelle le chat pour qu’un écho de voix enjambe les murs, d’autres jardins,

d’autres veilles.

On se dit que si la pluie nous rince, elle parle à chaque instant de nos hantises,

de nos tuméfactions, et de tout ce qui déraille au bout de nos doigts.

Comment dire la peur ? Le désir ?  La beauté ?   

Les histoires sont peut-être mal racontées, exprès pour qu’on les comprenne.

Et on reste sur un seuil, avec juste une alerte de la détresse et de l’infinie

jouissance.

Toujours désemparés.

 

On relève le col de la chemise, on serre plus près le gilet.

Avec l’aube au loin. Bientôt.

Une lumière qui viendra.











jeudi 11 mars 2021

Tout un charivari perdu

 


                                                                                        Pinterest


Dehors un bruit de freins, un aboiement, des mains travaillent.

Un couvercle claque, les roues d’un container passent un trottoir.

Un chien court sous la pluie après sa joie de chien.

A un moment, il est trop loin. On ne l’entend pas, on ne l’entend plus.

On invente alors l’image d’une place avec un jeu d’eau, la mer là-bas,

et puis toujours le vent qui navigue à vue.

Dans le loin.

On dirait une musique qui descend jusqu’au sol et imbibe les hommes.

Le calme alors se refait en soi lentement, comme il se défait toujours,

à bas bruit.

Ca tient aux yeux, à rien, l’ivresse d’un corps.

Tout un charivari perdu en soi.







dimanche 7 mars 2021

Carpe diem sur une pierre

 




La nuit nous restitue. Nous et nos autres.  

On marche dans la maison avec nos ombres, et l’orage ruisselle dans

nos yeux.

On voudrait courir, sauter des barrières jusqu’à la mer, les dunes, là-bas

après la rocade,

se laisser bercer par le paysage comme si c’était lui qui se déplaçait.

On atteindrait à un temps neuf et tout échevelé.

Une algue tremblerait dans son eau, les mouettes deviendraient folles.

 

Avancer.

Tu vois, le paysage est un puzzle. On associe, on relie,

une route et le piano de Carlos d’Alessio, un corps et un autre corps,

puis nos pas livrés/ délivrés et le ciel collé sur toute la figure.

Avancer.

Précaires.

Carpe diem gravé sur une pierre.

 

N’est-ce pas que la mer sans la mer, ce serait juste du vent ?

 


vendredi 5 mars 2021

Pour ralentir le coeur



 

La tempête soulève un auvent quelque part, un moteur tourne à l’envers, 

un brouillard se défait,

et on attrape dans l’air des rêveries sommaires.

Mais comment dire ?

Tous ces mots, tous ces gestes qui nous préservent encore de demain,

de plus tard,

nous éloignent de quand on ne sera plus rien.

On respire. On tient sa mémoire à distance. On s’efforce.

Nos mains sur la table réinventent la pluie qui court sur le trottoir,

les lumières collées aux vitres, à la route, et à soi.


Pour ralentir le cœur,

on se dit que les mots nous devancent toujours,

et que toutes les nuits sont pleines de lunes.

 


mercredi 3 mars 2021

La lune a mille ans

 







Paf ! Bruit sec dehors.

Sur la terrasse, un pot de fleurs vient de tomber et s’est cassé.

La pluie cogne dur sur la marquise.

Sur le seuil de la porte, on ressemble à un escargot, la maison accrochée à soi.

Et on attend comme ça longtemps avant de se replier dans sa coquille.

On est seulement là à regarder le ciel renverser toutes ses misères.

Une douceur soudaine attendrit nos yeux.

On voudrait croire que ce qui se brise ici dans un jardin n’arrive jamais aux

humains, 

que l’orage efface tout, les  peines, l’essoufflement dans les poumons

des mères, l’angoisse qui rompt, et l’envie de mourir.

 


La lune a mille ans. Il est quatre heures passées.