"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.


"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.

lundi 28 septembre 2015

Publication(s) n°27


Je retranscris ici, pour ne pas l'oublier, le beau papier de Dominique Panchèvre, paru dans Publication(s) n°27, (le journal de l'Agence Régionale du Livre de Haute-Normandie) sur mon livre "Seulement la vie, tu sais". 
Je le remercie.




"Seulement la vie, 
et nos vaisseaux sanguins 
près du rivage.
Un ravage inaccessible, 
tu sais"
De cette strophe est issu le titre de la déambulation en poésie qu'offre Brigitte Giraud, Seulement la vie, tu sais. Il faut aller chez  Rafaël de Surtis, éditeur et imprimeur à Cordes-sur-Ciel pour dénicher des petits joyaux comme celui-ci, poésie cousue avec attention dans la collection Pour un ciel désert que dirige Paul Sanda. Ce texte est une promenade paysagée dans un univers de ville et de campagne, où le "tu" et le "je" se croisent, s'entremêlent, s'interrogent et se répondent, tels deux amants inquiets de la force de leur amour, de l'absence, des retrouvailles, des souvenirs aussi ; on sent ici l'emprise de l'autre puissamment greffée au corps de l'aimé. Ces échanges fabriquent d'autres images qui suivent le canevas des lignes de train et de tram, au gré des éléments extérieurs vus, commentés, et parfois notés. Des images chargées de pensées, ciselées, fluides et précises, toujours ouvrant sur d'autres poèmes à écrire et dont le lecteur s'empare avec gourmandise, remerciant au passage la narratrice 
de si bien lui tenir entrouverte la porte des rêves.

Une nuit, j'emporterai nos nuits.
Faudra prendre le tram.
Se déplacer.
Attendre le train.
Grimper sur le carrousel.
Réparer le cheval. Remplacer le crin de la tête.
Galoper dans les flaques de lumière.
Voir la mer.
Le bout du voyage aussi sûr que la mort.
Une existence inventée.
Avec mes bras et mes mains nues,
des champs de fraises,
des semences pour toujours,
du vent
et des baisers perdus/pardonnés/confondus, mon amour !

Une nuit, j'emporterai nos nuits...

Toi tu voudras ramasser toutes les pierres 
sur les voies.
Un pansement minéral sur nos blessures.

Et puis le texte poétique d'un auteur ne prend-il pas son volume -spatial et sonore- quand on le pétrit avec ses autres écrits ? C'est pourquoi il est bon de cheminer sur le blog de Brigitte Giraud, Paradis bancal (http://paradisbancal.blogspot.fr ) La publication la plus récente apparaît en premier, le défilement nous fait remonter le temps. Ici et maintenant toujours en appui précaire sur ailleurs et avant. C'est peut-être cela le Paradis bancal de Brigitte Giraud, nourri d'autres textes poétiques, d'images fixes ou animées où le mouvement semble être suspendu, de billets sur les livres des autres, une exposition ou un morceau de musique.
Le 3 juillet, un poème, "Le soleil tombe dans tes pieds", extrait

Tu penses à 
une image sans ronces
ton corps délié de son fagot
la lanière de ta chaussure a lâché

tu déniches des nuages
des tâches rouges bleues
tu y vois des regards de bêtes
le museau d'un chien

Très souvent le "tu" ; textes adressés en même temps à un destinataire que seule l'auteure invente, et au lecteur qui, finalement, devient un élément majeur de la poésie. Que ce soit sur le Web ou sur le papier ivoire de Rafaël de Surtis, Brigitte Giraud distille de merveilleuses liqueurs, une poésie qui touche et dont les fragrances parfument longtemps l'existence.
A déguster sans modération.
D.P.


Brigitte Giraud
Seulement la vie, tu sais
Rafaël de Surtis - janvier 2012
978-2- 84672-283-4   15 euros


http://fr.calameo.com/read/0000520981dd0f109fa3b
http://www.arl-haute-normandie.fr/publication-categorie-publications-le-journal-de-larl-2.html



vendredi 25 septembre 2015

Le piège d'un soleil





Souffle/essoufflement de la nuit.
Bouche abouchée à une aération de la nuit.
Couleurs variables dans la gamme des gris et noirs de la nuit.
Une curiosité de la lumière pourtant : des phares et un lumignon.
Le souffle accoudé à l'immense.
La bouche de la nuit et ma bouche.
Je souffle.  
Sur la lumière pour attiser le feu.
Le feu, et 
ne pas éteindre la nuit
ses fantômes, 
ses regards de fumée,  
des basculements,  tu veux ? 

A deux doigts du jour, le piège d'un soleil. 


 

vendredi 4 septembre 2015

La mort a un corps



Les vagues meurent
sur le rivage
depuis longtemps
des milliers
de bras
et des mains
depuis longtemps
des yeux
des visages noyés
depuis longtemps

  la mort a un corps