"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.


"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.

vendredi 23 octobre 2015

La place




L'homme s'est assis sur un banc
seul 
au bord de la place
une manière de sourire accrochée à ses lèvres 
il se souvient 
peut-être
d'un secret 




 

lundi 19 octobre 2015

Au fond du sac







Il y aura toujours pour nous sauver
les petites chimères du coin de la rue,
les vents en rafale enfouis dans nos cheveux,
les gravats de rien du tout,
les choses minuscules
dans des regards sous des parapluies,
la poussières des orages et les ciels traînants,
les oracles d'un rêve de fourmi,
le bord d'un toit
où glisser jusqu'à l'aube quand la pluie a cessé,
la peur qui nous grandit et celle qui nous effondre,
tout ce qui manquera sans cesse,
tout ce qui suffira,  
les yeux ouverts,
et les jambes, et les bras,
une lumière en boule dans notre sac à graines.




samedi 17 octobre 2015

Après l'écho d'un sale rêve




Tu brasses un sommeil de papier
qui craque sur le jour
Tu te réveilles dans une moiteur
un sale rêve
tu  ne t'en souviens pas
totalement

juste un  écho
une sensualité d'écho
qui touche
la paume de ta main
la doublure de ton gilet
ta lèvre    un sourire

Il faut passer
l'angle mort du mur
pour être

un cerf-volant









mercredi 14 octobre 2015

Charognards | Stéphane Vanderhaeghe


Longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi original.
Raconter l'histoire de "Charognards" serait bien réducteur, d'autant que l'auteur ne raconte pas vraiment non plus. Bien sûr, on pense aux Oiseaux d'Hitchcock, on a en tête les images du film, on se fait une idée.  Un village isolé, un homme qui a choisi de rester là, seul face aux oiseaux.  Mais "Charognards", c'est tout autre chose.
L'inconnu/témoin tient un journal, non pardon ! deux. Sur l'un (que l'on ne lira pas), il consigne mouvements et déplacements des oiseaux, et sur l'autre (celui-là même que nous lisons), il y dépose ce qui lui reste, des mots comme preuve de son être en conscience et en vie, un quotidien jalonné de questionnements.
Qui bouffe qui, quand peu à peu il se pourrait qu'on devienne charognard de soi-même, de la langue qui nous fonde et qui fond ?
Que devient-on quand le passé s'étiole, ne se réinvente plus, devient corps étranger dont nous ne serions plus l'auteur ?
 Que devient-on alors avant de n'être plus ?
Est-ce qu'il est possible de devancer la mort sans vraiment mourir, englué dans le noir qui gagne et pétri d"une peur qui dépasse la peur ?
Stéphane Vanderhaeghe décrit peu les drames de ce village colonisé par les oiseaux, pas plus le curé mort au pied de sa chaire, que le voisin volatilisé d'un coup de fusil.
Mais le poids du monde, du chagrin, de la peur, et surtout de la perte est  présent au cœur de chacun des mots du journal que tient l'inconnu/témoin  de ce roman.
Que fait-il encore là ? Pourquoi n'est-il pas parti comme tous les autres ?
Est-il  un martyr  ou un fou  ?
Condamné à exister jusqu'au bout,  à écrire jusqu’au bout un monde qui rétrécit, une langue arrachée au non sens, un dégradé de noir, le temps devient invisible.


Charognards |  Stéphane Vanderhaeghe
Quidam éditeur