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Comment dire la fragilité de la vie ? Comment bâtir des ponts inexpugnables entre les êtres, des parapets contre la violence des temps et "l'inconcevable désordre du monde" ? Comment l'écriture parvient-elle à saisir l'invisible de l'amour ?
Avec "Nuit inversée", Isabelle Lagny nous offre un recueil généreux, amoureux et vivant, dans lequel elle rend hommage aux êtres qui accompagnent son existence. A mesure qu'Isabelle Lagny nous ouvre la porte de son territoire intime, le recueil se peuple de visages. On y rencontre la figure de l'aimé, celle de la mère, des enfants, des amis, et enfin celle de tous les déplacés et des victimes de la barbarie, la vie en ruine.
Tous les poèmes ont ici la justesse de l'éprouvé, et, de l'un à l'autre, ils tissent un maillage tendre et solide afin de préserver les fragilités d'un monde déchiré. Maison de sel, Lucioles de juillet, Nuit inversée, et le très bel épilogue Fractures de l'air composent une sorte de partition d'écriture. Ce recueil est un lieu bâti de mémoires qui dialoguent entre elles parmi les eaux "des ruisseaux des nuits obscures", "des fleuves décoiffés" et de toutes les mers qui séparent, mais qui également se lient, et relient. Car le sentiment amoureux, pour "la traversée où tu m'embarques à perpétuité" écrit-elle, envahit tout l'espace de la mer et du ciel, des porosités des mondes du dedans et du dehors, des peurs humaines, et, sur ce socle de la précarité de la vie, Isabelle Lagny pose ses mots et élève le poème.
La poésie agit à la façon d'une fenêtre éclairée pour rassembler, vaille que vaille, toutes les forces de vie qui traversent et unissent les hommes. Il faut lire Isabelle Lagny !
"- Parcours de vies arrachéesAvec "Nuit inversée", Isabelle Lagny nous offre un recueil généreux, amoureux et vivant, dans lequel elle rend hommage aux êtres qui accompagnent son existence. A mesure qu'Isabelle Lagny nous ouvre la porte de son territoire intime, le recueil se peuple de visages. On y rencontre la figure de l'aimé, celle de la mère, des enfants, des amis, et enfin celle de tous les déplacés et des victimes de la barbarie, la vie en ruine.
Tous les poèmes ont ici la justesse de l'éprouvé, et, de l'un à l'autre, ils tissent un maillage tendre et solide afin de préserver les fragilités d'un monde déchiré. Maison de sel, Lucioles de juillet, Nuit inversée, et le très bel épilogue Fractures de l'air composent une sorte de partition d'écriture. Ce recueil est un lieu bâti de mémoires qui dialoguent entre elles parmi les eaux "des ruisseaux des nuits obscures", "des fleuves décoiffés" et de toutes les mers qui séparent, mais qui également se lient, et relient. Car le sentiment amoureux, pour "la traversée où tu m'embarques à perpétuité" écrit-elle, envahit tout l'espace de la mer et du ciel, des porosités des mondes du dedans et du dehors, des peurs humaines, et, sur ce socle de la précarité de la vie, Isabelle Lagny pose ses mots et élève le poème.
La poésie agit à la façon d'une fenêtre éclairée pour rassembler, vaille que vaille, toutes les forces de vie qui traversent et unissent les hommes. Il faut lire Isabelle Lagny !
Comme la chair des mangues
Pourtant l'itinéraire de nos soucis
Suit la rainure d'une simple feuille de peuplier
Qu'il suffirait de contempler
Dans son tremblement congénital
Jusqu'à ce que soudain
La vigueur de l'arbre
Nous fasse perdre l'équilibre
Au loin
Il restera le poudroiement
De l'âme
Des lambeaux de ciel
Et un amour invisible
-Le ruisseau de tes nuits obscures
A balisé mon voyage
Suite d'errances où des jambes de femmes
Battent la démesure
Je m'adresse sans cesse à toi
Comme à un phare
Qui s'est égaré le temps d'une vie
Dans ma chambre minuscule
Battue par la respiration agitée
De visiteurs géants
- La marche tournoie, vibrionne
Car le mystère du fleuve n'est pas loin
Ma poitrine se fragmente
A mesure que je dévale la tour
Au-dessus de toi
Toi dont je désire déjà l'obscurité
L'insaissable repère
Isabelle Lagny écrit, et photographie. A côté de son travail d'auteur, elle réalise un travail de traduction de longue haleine avec le poète français d'origine irakienne Salah Al Hamdani dont elle est la compagne.
Le recueil, publié aux belles éditions Al Manar, est accompagné par trois magnifiques dessins de l'artiste Yousif Naser.
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