"Désirant et sidérant, si possible..." dit-elle.
"Désirant et sidérant, ...si possible !" dit-elle.
lundi 12 janvier 2015
La tristesse en marche un 11 janvier
Bordeaux 11 janvier 2015, la marche est historique. 140 000 personnes se sont mobilisées et se sont rassemblées Place des Quinconces.
Il fallait que cela ait lieu. L'important est que cela ait eu lieu.
Au-delà de toutes les postures politiques, être là. Citoyens, juste être cela, sans entrer dans les discours de récupération des uns ou des autres... Juste nous, citoyens, humains, avec nos âmes et nos cœurs.
Les mots de solidarité, tolérance, fraternité, liberté, laïcité ne font rire personne aujourd'hui.
Le cynisme esthétique n'a pas de place.
Il fallait que cela ait lieu.
Journée bien étrange pourtant, qui s'est endormie tard sur une immense tristesse...
Le monde, tout ce monde, dans toutes les villes de France, dans une même cadence de la marche, en mémoire de ces êtres de notre culture disparus parce qu'ils s'exprimaient librement, des inconnus autour d'eux, et de ceux qui se sont trouvés au mauvais moment au mauvais endroit...
La vie continue, un pas après un autre pas.
Qu'en sera-t-il de tout ça demain quand les mots de l'analyse prendront le relai de l'émotion ?
Quel sens sera donné à cette commémoration exceptionnelle ?
La venue des chefs d’États à Paris où plus de 2 millions de personnes ont marché ensemble n'avait pas pour but de défendre la liberté d'expression, (certains d'entre eux ne s'y entendent pas beaucoup en la matière, hein !), mais de s'unir contre l'obscurantisme islamiste et c'est déjà pas mal.
Journée bien étrange pourtant, avec cette tristesse accrochée au cœur...
Parce qu'on sait bien que ce qui s'est passé ici, chez nous, a été permis par des conditions politiques, sociales et éducatives en déliquescence, que les "brutes fanatisées" qui ont massacré ici sont des enfants de France, nés ici, et français.
Ils ne viennent pas d'un autre monde. Ils ne sont pas idiots, pas forcément idiots, ce serait finalement tellement rassurant et si simple de les penser aussi bêtes qu'une kalachnikov ! La barbarie n'est jamais dépourvue d'une forme d'intelligence froide, dénaturée, mais réelle.
Mais encore faut-il savoir regarder les failles de notre société, ses manques et ses blessures, pour nous aider à faire le deuil des 17 morts de cette semaine.
La montée de toutes les haines, c'est ici, les oubliés, les désespérés, les ignorants, c'est ici,
et les "barbares" de Charlie Hebdo qui n'ont que la justification de détenir une Vérité divine et l'illusion d'être justes, au nom d'un dieu vengeur, se sont construits ici.
On voudrait ne pas y croire ! On voudrait juste que cela ne soit pas vrai.
...Il n'est pas l'heure de les déresponsabiliser de leurs actes, mais il est urgent de se responsabiliser de nos politiques qui les abandonnent depuis des lustres à leur mauvais sort, ces "racailles" des banlieues, ainsi que Sarkozy les nommait.
Les têtes sont bien fragiles dans un monde qui gronde, appauvri, et dont la lisibilité se perd.
Pour eux, pour eux tous, assassinés absurdement, "Je suis Charlie".
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